- Accueil
- Lutte ouvrière n°2547
- Trump en Arabie saoudite : ventes d’armes et business avant tout
Dans le monde
Trump en Arabie saoudite : ventes d’armes et business avant tout
Visitant l’Arabie saoudite le week-end du 20 mai, Donald Trump a tenu à caresser cet allié des États-Unis dans le sens du poil, avant de se rendre chez un autre allié traditionnel : Israël.
Le roi d’Arabie saoudite lui en a été reconnaissant, signant des contrats pour une valeur de 380 milliards de dollars, dont 110 concernent des ventes d’armes. Voilà de quoi satisfaire les grandes entreprises exportatrices américaines. Pour défendre leurs intérêts dans le monde, Trump a su – tout du moins le temps d’un week-end – modérer son langage pour ne pas froisser ce gros client.
Oubliées pour l’instant toutes les diatribes antimusulmans qui ont pourtant été un des axes de la démagogie nationaliste de Trump pour être élu, comme ce tweet de 2014 : « Les Saoudiens, ce n’est que de l’esbroufe, ce sont des tyrans, des lâches. Ils ont l’argent, mais pas le courage »… À Ryad, devant 37 chefs d’État ou de gouvernement du monde musulman, Trump est allé parler de la lutte contre le terrorisme qui n’est autre selon lui que celle du bien contre le mal. Il se place dans la continuité des présidents américains Reagan et Bush fils qui professaient aussi en public cette vision du monde digne des livres pour enfants.
Pourtant le surarmement des États-Unis, puissance mondiale, et celui de l’Arabie saoudite, puissance locale, n’empêchent pas le terrorisme et même le nourrissent. Les guerres de l’impérialisme américain au Moyen-Orient et en Afghanistan, comme celle que l’Arabie saoudite mène au Yémen, y apportent mort, destruction et misère, terreau sur lequel les islamistes recrutent. De plus, pour défendre leurs intérêts, l’un et l’autre n’ont pas hésité à financer et armer Al-Qaïda à l’époque où la lutte contre une Union soviétique embourbée en Afghanistan était une priorité. Plus récemment l’Arabie saoudite a continué directement ou indirectement à armer les milices islamistes comme Daech dans le cadre de sa lutte d’influence avec l’Iran.
Mais la visite de Trump avait d’abord pour but de cultiver les relations avec l’Arabie saoudite. Rex Tillerson, le secrétaire d’État américain (ministre des Affaires étrangères) avait d’ailleurs déjà dit quelques semaines auparavant que discourir sur les libertés démocratiques pouvait « créer des obstacles à notre capacité de faire avancer nos intérêts de sécurité nationale et nos intérêts économiques ». Trump ainsi instruit n’allait donc pas critiquer la dictature religieuse d’Arabie saoudite.
Par contre Trump n’a évidemment pas manqué l’occasion d’attaquer l’Iran en l’accusant de déstabiliser le Moyen-Orient et de soutenir le terrorisme. Autrement dit, les États « soutenant le terrorisme » sont définis comme tels selon qu’ils sont ou non de bons clients des États-Unis.
L’accord sur le nucléaire iranien, qui n’a toujours pas abouti à la levée complète des sanctions économiques contre l’Iran, risque donc de rester lettre morte. Il avait été négocié par le président iranien Hassan Rohani, étiqueté comme islamiste modéré par les chancelleries occidentales. Celui-ci vient juste d’être réélu. Mais cela n’empêche pas l’Iran de devoir faire face à l’hostilité de l’impérialisme américain qui cherche à l’isoler et ne supporte pas que ce pays de 80 millions d’habitants ait une politique régionale indépendante et heurtant parfois ses intérêts.
La tension au Moyen-Orient entre l’Iran et les États-Unis flanqués de leurs alliés saoudiens et israéliens n’est sans doute pas près de s’estomper. La fourniture d’armes américaines à l’Arabie saoudite ne peut que rajouter de l’huile sur un feu qui dévore déjà depuis trop longtemps les populations.