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Politique
Syndicats : une urgence, préparer la mobilisation
Alors qu’une série de rencontres est prévue entre Emmanuel Macron et les organisations syndicales, puis entre celles-ci et des membres du gouvernement, pour discuter de la réforme du Code du travail, les directions syndicales font mine de croire qu’il pourrait sortir quelque chose de bon pour les travailleurs d’un tel dialogue.
C’est d’autant plus ridicule que pendant toute sa campagne électorale Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de casser le Code du travail, ce qu’il appelle « donner plus de liberté aux entreprises », et d’avancer le plus vite possible dans cette voie. Après son élection, il a confirmé que ce serait un de ses premiers chantiers, dans les mois qui viennent, au besoin en agissant par ordonnances pour couper à la discussion au Parlement.
Pour la CFDT, une telle attitude est pour ainsi dire une seconde nature. Laurent Berger, son secrétaire général, interviewé à BFMTV, a déclaré, après avoir couvert de louanges la nouvelle ministre du Travail, qu’il était prêt à l’élargissement du champ des accords d’entreprise, à certaines conditions bien sûr. Autant dire qu’il serait prêt à signer une aggravation générale de la situation pour les travailleurs en échange de quelques miettes donnant le change, comme il l’avait fait pour la réforme des retraites. Il a d’ailleurs ajouté : « De toute façon, le gouvernement va nous l’imposer, c’est le programme. »
Le dirigeant de FO, Jean-Claude Mailly, est à peu de chose près sur la même ligne. « De ce que j’ai pu entendre et lire, le message qu’envoie l’exécutif est que, sur le Code du travail, il y a des marges de manœuvre, de vraies marges de discussion. Si c’est le cas, Force ouvrière est prête à discuter », affirmait-il au journal les Échos lundi 22 mai. Et derrière ces paroles pointait l’envie de ravir à la CFDT sa place d’interlocuteur privilégié du gouvernement : « Le conseil que je donne au gouvernement c’est : ayez des relations équilibrées avec les principales organisations syndicales, n’ayez pas d’interlocuteur privilégié, ça finit toujours mal. »
Quant à la CGT, l’interview de son dirigeant Philippe Martinez dans le Journal du dimanche du 21 mai pourrait se résumer à ces mots : « Il faut prendre le temps de discuter », rejetant la procédure par ordonnances que prévoit Macron. Certes, à la différence des autres dirigeants syndicaux, Martinez déclare : « Notre but n’est pas de convaincre le gouvernement, mais les salariés. » Il repousse les propositions gouvernementales permettant de déroger toujours davantage au Code du travail et de restreindre les droits des salariés. Mais pourquoi alors ne pas dire que les travailleurs vont devoir descendre massivement dans la rue pour empêcher de nouveaux reculs ? Pourquoi ne pas fixer dès maintenant les étapes de cette mobilisation ?
C’est cela l’urgence, face à un président et à un gouvernement qui proclament à tout vent qu’ils vont avancer comme des bulldozers dès que les élections législatives seront terminées. Les travailleurs n’ont rien à attendre des discussions autour d’un tapis vert, qu’elles soient réduites au minimum comme le souhaite le gouvernement ou qu’elles traînent en longueur selon le souhait des syndicats. Ils doivent se préparer à une mobilisation massive, dans les entreprises et dans la rue, contre les attaques qui ne vont pas tarder à pleuvoir, et pour cela il n’y a pas de temps à perdre.