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- Lutte ouvrière n°2547
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Dans les entreprises
Bosch – Moselle : en grève contre l’esclavage moderne
À Freyming-Merlebach, le centre d’appels de Bosch Service Solutions emploie près de 100 travailleurs en CDI et plusieurs dizaines en intérim et CDD. Ils se sont mis en grève lundi 15 mai pour dénoncer les conditions de travail révoltantes.
Les plannings sont, au mieux, communiqués quelques jours avant, voire le lundi pour la semaine à venir, au mépris de toute vie personnelle. Aux 35 appels par heure, aux journées à rallonge sans véritable pause (quinze minutes en tout, dont cinq minutes sont décomptées pour aller aux toilettes, sous surveillance d’un logiciel de chronométrage), s’ajoutent de multiples projets à gérer, aussi bien dans les appels d’urgence pour Otis (ascenseurs), la vente de vêtements par correspondance ou des services liés à l’Opéra de Paris.
C’est donc la course quotidienne pour jongler entre les appels, les mails, et le suivi des dossiers, voire le pliage de vêtements retournés par les clients ! Les salaires sont à l’avenant : le smic, même après cinq ou dix ans d’ancienneté, et des primes à la qualité, de 3 euros par mois ! Ce sont des méthodes dignes du 19e siècle, que le patron complète en opérant des retenues sur salaire en cas d’erreur de saisie.
Contre ces pratiques dignes des Temps modernes que l’une des banderoles résume par le slogan « Bosch service esclavage », des salariés ont arrêté le travail lundi 15 mai. D’une quinzaine en grève le matin, ils sont passés à une trentaine le mardi, et plus d’une quarantaine le mercredi, rejoints par les syndicats CFDT et CFTC. Ils ont refusé de se satisfaire des vagues promesses données le lundi par la direction.
Du coup, la grève s’est étendue, rencontrant le soutien des collègues en intérim, ainsi que des managers, affichant des pancartes appuyant le mouvement sur les plateaux. Mercredi 17 mai à midi la direction a reculé, notamment sur les conditions de travail : les salariés obtiennent la séparation du traitement des mails des autres charges administratives, pour mettre le holà aux cadences infernales.
Avant tout, les salariés étaient fiers de leur grève, de s’être fait respecter, et déterminés à recommencer si nécessaire pour imposer le respect des divers engagements pris par la direction.
Bosch a fait 4,3 milliards de bénéfices en 2016, et annonce encore une augmentation du chiffre d’affaires au premier trimestre 2017 : c’est dire qu’il a largement les moyens de payer. Les salariés ont eu raison de ne pas se laisser faire et de marquer le coup par leur mobilisation, parce que « Bosch c’est moche », comme le proclamait l’une de leurs banderoles.