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Allemagne : revers pour le SPD
Après les élections régionales en Sarre et en Schleswig-Holstein, les élections de dimanche 14 mai en Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont marqué en deux mois la troisième défaite d’affilée du SPD (Parti social-démocrate) face à la CDU, le parti de centre-droit de la chancelière Angela Merkel.
C’est un revers pour le candidat du SPD, Martin Schulz, qui brigue le poste de chancelier à l’automne. La défaite est d’autant plus sévère que ce land, le plus peuplé du pays avec 18 millions d’habitants, est une importante région industrielle et un bastion de la social-démocratie, qui l’a dirigé presque sans interruption depuis 1966.
En réalité, les résultats des deux grands partis semblent assez proches, avec 33 % pour la CDU et 31,2 % pour le SPD, mais ils recouvrent par rapport aux élections régionales de 2012 une nette augmentation de voix pour la CDU (+750 000) et une forte baisse pour le SPD qui perd 8 % et 400 000 voix.
La région de la Ruhr, ancienne région minière, haut lieu de la sidérurgie, de la métallurgie et de la chimie, avec ses cinq millions d’habitants, fait partie de ce land. C’est une région en partie sinistrée, où le chômage et la pauvreté sont particulièrement élevés. Les résultats électoraux y sont parlants. Le SPD arrive encore largement en tête dans les grandes villes de la Ruhr telles que Dortmund, Essen, Bochum ou Duisburg, mais il continue d’y perdre beaucoup de voix, reculant partout de 10 % environ.
Quant à l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), parti d’extrême droite, antiouvrier et antiréfugiés, présent pour la première fois aux élections régionales, il obtient au niveau du land 7,4 % des voix. Dans la Ruhr, ses résultats sont supérieurs à cette moyenne. Surtout, il fait ses meilleurs résultats, jusqu’à 15 ou 20 %, dans les endroits où le SPD est particulièrement fort : les quartiers les plus populaires des villes populaires.
Pourquoi ces résultats ? Le SPD, qui faisait campagne au nom de « l’égalité sociale », a gardé un socle d’électeurs dans la population laborieuse. D’un autre côté, il a dirigé le land avec les écologistes pendant les sept dernières années, et son bilan n’a pas grand rapport avec l’égalité. La population a subi des économies drastiques, notamment dans l’éducation, qui dépend du land, avec un nombre inégalé de fermetures d’écoles et de collèges, et surtout la décision de supprimer une année de scolarité au lycée a été maintenue, malgré la contestation de nombreux parents. SPD et Verts ont également privatisé des lignes de chemins de fer, de bus, et des hôpitaux, quand ils n’ont pas purement et simplement fermé les unes et les autres. Le land a continué à étrangler les communes.
La population souffre aussi, au quotidien, d’infrastructures en déshérence. Par exemple, nombre de ponts sur le Rhin sont dans un tel état que la circulation doit y être restreinte, occasionnant des détours pour des milliers de salariés et des bouchons sur les routes dès 6 heures du matin.
La CDU a pu surfer sur ce mécontentement et, suite aux attentats, elle y a ajouté de la démagogie sécuritaire.
Quant à l’AfD, en perte de vitesse ces derniers mois, elle vient de choisir ses deux candidats pour les élections nationales de septembre. L’un est un ancien de la CDU, et l’autre a commencé sa carrière dans la banque américaine Goldman Sachs : comme représentants des petites gens ou candidats antisystème, on fait mieux ! Dans une circonscription très populaire de la ville d’Essen, le candidat AfD, G. Reil, est de son côté un transfuge du SPD et un syndicaliste. Il a fait sa campagne en se servant de l’image du mineur (qu’il n’est plus depuis longtemps), cherchant à brouiller un peu plus la conscience de classe.
AfD, CDU, SPD : face à ces partis qui représentent les intérêts des puissants, il est urgent de construire un parti qui défende les intérêts des travailleurs.