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- Lutte ouvrière n°2545
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Dans les entreprises
Take Eat Easy : les livreurs contre “l’ubérisation”
Mercredi 3 mai, le conseil des prud’hommes de Paris examinait la plainte de neuf anciens livreurs de la plate-forme en ligne Take Eat Easy. Cette dernière a annoncé la fin de son activité à l’été 2016, un mois avant de laisser sur le carreau 4 500 coursiers, dont 2 500 en France, sans indemnité de licenciement ni allocation chômage.
La plate-forme proposait la livraison de repas à domicile. Sur le même modèle qu’Uber, elle ne salariait pas les livreurs à qui elle imposait le statut d’autoentrepreneur. Une telle entreprise peut ainsi exploiter des milliers de travailleurs sans s’embarrasser des conditions légales du salariat. Il n’y a pas de durée hebdomadaire maximum du travail, pas de congés payés, pas de protection sociale et pas même de prud’hommes puisque la situation relève pour ces plates-formes du droit du commerce. Elles imposent une forme de travail à la tâche, accordant ou refusant des missions à chacun selon ses « performances ». Elles font disparaître la notion même de licenciement : un livreur qui ne fait pas l’affaire est purement et simplement « déconnecté ».
Les travailleurs concernés subissent, en plus de très mauvaises conditions de travail, une grande précarité pour des revenus très bas. Les livreurs de Take Eat Easy, comme l’ont fait récemment d’autres travailleurs dans des situations analogues dans divers pays, essaient au moins de faire reconnaître qu’ils étaient dans une situation de salariat déguisé et de se faire payer des rappels de salaires, un mois de préavis, des congés payés, des dommages et intérêts pour licenciement abusif, pour travail dissimulé et pour la visite médicale d’embauche à laquelle ils n’ont pas eu droit.
Ce fonctionnement met les travailleurs en concurrence à l’extrême et voudrait faire croire à chacun qu’il peut s’en sortir en travaillant dur, plus que les autres. Il faut se battre contre ces pratiques de salariat déguisé, qui reviennent à supprimer les garanties les plus élémentaires. Les neuf anciens livreurs doivent maintenant attendre la décision des prud’hommes, qui sera rendue le 27 septembre.