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Politique
Face à Macron : les ambiguïtés syndicales
L’élection de Macron annonce la poursuite et l’aggravation des attaques contre les travailleurs. Tout le monde le dit, depuis Macron lui-même, dont c’est le programme affiché, jusqu’au patronat, qui s’en réjouit d’avance.
Macron voudrait attaquer le plus vite possible et a déjà annoncé qu’il procédera par ordonnances, c’est-à-dire en se passant des habituelles discussions, tant parlementaires que syndicales. Le devoir de syndicalistes dignes de ce nom serait donc d’avertir les travailleurs du péril, de leur montrer jusqu’où veulent aller Macron et le patronat et de leur dire franchement qu’on ne s’en tirera pas sans de grandes luttes.
Loin de cela, Laurent Berger, au nom de la CFDT, ne s’inquiète que de la méthode et s’indigne de ne pas être convoqué pour pouvoir signer les reculs en les travestissant en avancées. Cette position a l’avantage de la logique, la CFDT ayant applaudi des deux mains à tous les coups portés par les gouvernements de Hollande. Elle entend donc visiblement rester la centrale réformiste officielle, avalant en souriant toutes les couleuvres, pourvu que les gouvernements veuillent bien y mettre les formes.
FO, qui s’était prononcée contre la loi El Khomri et qui sait pertinemment que Macron veut la poursuivre et l’amplifier, dit « vouloir regarder ce que cela donne ». Mais ne sait-on pas déjà très bien ce que cela va donner ? Mailly, son secrétaire général, prévient tout au plus que les ordonnances sont un mauvais signal et que tout cela peut mal finir. Mais en quoi cela pourrait-il bien commencer ?
Quant à la CGT, elle promet, après l’élection de Macron, « d’œuvrer par la mobilisation sociale pour imposer d’autres choix ». Et Martinez de préciser que la centrale sait se mobiliser et qu’elle sera présente lors de la rentrée sociale.
La CGT finira sans doute par proposer une riposte à l’un ou à l’autre des mauvais coups que Macron portera au nom du patronat. Et, probablement, la mobilisation des travailleurs, voire des militants, sera alors difficile. Mais cette pente, si dure à remonter, la direction de la CGT a bien aidé à la descendre. Pour ne parler que de la dernière période, l’état de démoralisation, de désorganisation, de dégoût présent chez les travailleurs est la conséquence de cinq ans de présidence Hollande. Or, si la direction de la CGT rappelle maintenant la lutte contre la loi El Khomri, elle oublie de préciser qu’elle a commencé par faire voter Hollande, puis invité les travailleurs à attendre de ce gouvernement de gauche des gestes en leur faveur. Il a fallu attendre quatre ans pour que la confédération se situe franchement dans l’opposition à Hollande en appellant les travailleurs à s’opposer à la loi travail.
Macron n’est pas Hollande. De 2012 à 2017 bien des marches ont été descendues. Le nouveau président se présente avec un programme franchement antiouvrier. Pourtant la direction de la CGT, dit encore espèrer qu’il « œuvrera à la justice sociale » comme si elle voulait rejouer la même pièce qu’en 2012.
Il faut présenter Macron pour ce qu’il est : un ennemi des travailleurs et un exécuteur des volontés patronales. C’est le seul point de départ pour préparer les travailleurs à la lutte nécessaire.