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Leur société
Voter Macron pour éviter Le Pen ? Autant combattre le chiendent avec de l’engrais
Parmi les électeurs qui se préparent à voter Macron dimanche 7 mai, un certain nombre le font, en toute bonne foi, en espérant se protéger de Le Pen.
Ils redoutent, avec raison, la politique réactionnaire que mènerait Le Pen au pouvoir, la répression, la chasse aux migrants, un régime plus dur pour les travailleurs. Ils ne se font pas trop d’illusions sur la politique que pourrait mener Macron, mais ils espèrent simplement gagner un sursis.
Le même raisonnement leur avait fait choisir Hollande contre Sarkozy. Ils n’imaginaient pas, à l’époque, que Hollande ferait la guerre, regrouperait les migrants dans des camps sordides, attaquerait le Code du travail, détruirait les protections sociales, enverrait la police sur les manifestations, laisserait les patrons licencier par centaines de milliers. Ils n’imaginaient pas que toute cette politique réactionnaire, antiouvrière, pour laquelle ils n’avaient pas voté, conduirait de surcroît au renforcement du FN. Les cinq ans de Hollande se sont soldés en effet non seulement par le renforcement électoral du FN, mais surtout par son renforcement social, par la pression qu’il représente dans certains quartiers ouvriers, par la menace qu’il constitue déjà. Sans même que ce parti soit aux affaires, son vocabulaire, ses thèmes, ses obsessions ont rempli toute la société. Et, faute d’un renouveau de la conscience des travailleurs, cela va continuer dans le même sens.
Demain, la crise perdurant, l’avidité patronale grandissant, la pression réactionnaire augmentant, Macron sera plus dur encore que Hollande. Ces électeurs se croient contraints d’accepter, en votant pour Macron, de nouveaux reculs sur le Code du travail afin d’éviter la chasse aux migrants. Eh bien, il y aura et la loi El Khomri renforcée et la chasse aux migrants.
Les coups que Macron, au nom du patronat, portera inévitablement aux travailleurs susciteront tout aussi inévitablement leur colère. Le ralliement à Macron aujourd’hui n’évitera ni ces coups ni cette colère. En revanche, il permettra à Le Pen de se présenter en seule opposition, en seul recours puisque tous les autres auront porté Macron au pouvoir. C’est bien pourquoi il est essentiel, pour préserver l’avenir, que se manifeste dans la classe ouvrière un courant farouchement opposé à Le Pen, à Macron, à tous les politiciens du patronat et qui le fasse au nom des intérêts sociaux et politiques des travailleurs.
Pour un travailleur, voter Le Pen, c’est mettre sa tête sur le billot. Voter Macron, c’est accepter d’avance les coups. Tous les raisonnements alambiqués des Mélenchon, Hamon, Laurent, sur le résultat éventuel des législatives, le gouvernement qui pourrait se former après, etc., ne valent rien. La situation de la classe ouvrière dépend exclusivement de sa capacité à s’organiser et à se battre sur son terrain de classe.