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Leur société
Tirailleurs sénégalais : une reconnaissance tardive
Le 15 avril, à l’Élysée, Hollande a donné la nationalité française à 28 tirailleurs sénégalais ayant combattu en Indochine et en Algérie dans les rangs de l’armée française.
Originaires d’anciennes colonies françaises d’Afrique, engagés volontaires ou recrutés d’autorité, ceux-ci ont reçu lors de la décolonisation en 1960 la nationalité sénégalaise, congolaise, centrafricaine ou ivoirienne. Ils ont entre 78 et 90 ans mais, pour toucher leur pension d’anciens combattants, ils devaient jusque-là passer au moins la moitié de l’année en France, loin de leur famille et souvent dans des conditions matérielles indignes.
Le geste de Hollande répond à une pétition concernant le sort des quelques dizaines de survivants de ces régiments dont les soldats, reconnaissables à leur chéchia rouge, ont servi de chair à canon dans toutes les guerres coloniales. On n’en a retrouvé que 28, mais ceux qui se manifesteraient ensuite bénéficieront de la même faveur.
Dans son discours, Hollande a cyniquement reconnu : « Il était plus que temps. » Il a même adopté le ton de l’épopée en déclamant : « Vous êtes l’histoire de la France. » Mais cette histoire, concernant les tirailleurs sénégalais, ne se soldera pas avec cette naturalisation avec soixante ans de retard. Elle comprend par exemple le massacre de Thiaroye au Sénégal, en décembre 1944, lorsque l’armée française mitrailla des tirailleurs revenant de quatre années de captivité et qui réclamaient les arriérés de solde qu’on leur avait promis.