Le programme social de Le Pen : malheur aux pauvres05/04/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/04/2540.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le programme social de Le Pen : malheur aux pauvres

Marine Le Pen se prétend amie des petites gens et fait assaut de démagogie à leur égard. Pourtant, son mépris pour les travailleurs et son parti pris congénital pour les patrons affleurent à toutes les lignes de son programme.

En matière de santé, par exemple, le programme de Le Pen dénonce les énormes et réelles carences du système de santé et de Sécurité sociale. Elle promet évidemment d’y mettre fin. Mais, pour tout financement, Le Pen n’évoque que la lutte contre les « arrêts maladie abusifs », les soins aux étrangers, les prestations sociales indues. Comme toute bonne bourgeoise, elle trouve que les pauvres sont douillets et se soignent trop. Elle n’a pas un mot en revanche sur les bénéfices colossaux des entreprises du secteur, pas un mot sur la ponction opérée par les banques sur la santé publique. Le déficit de la Sécurité sociale, pourtant creusé par les licenciements et le défaut de cotisations patronales, est entièrement mis sur le dos des allocataires et des étrangers.

Le Pen prétend se désoler du chômage. En matière d’emploi, elle ne propose que de s’attaquer aux droits syndicaux, en réduisant la représentation des travailleurs dans les entreprises de moins de 300 salariés, et, évidemment, de subventionner encore et toujours le patronat. Et elle offre la priorité d’embauche aux citoyens français. Cela ne créerait aucun emploi, mais cela a le mérite pour elle de faire reposer la responsabilité du chômage sur les travailleurs étrangers, et pas sur les patrons licencieurs.

La candidate du FN se prononce pour l’abrogation de la loi El Khomri, symbole des attaques du gouvernement Hollande contre les travailleurs. Mais ses propositions en matière d’allongement du temps de travail comme d’organisation du droit syndical en sont une resucée.

Pour toute augmentation de salaire, Le Pen propose, pour ceux qui gagnent moins de 1 500 euros, une prime de pouvoir d’achat, non chiffrée. Elle serait financée par une taxe sur les importations. Les salariés perdraient ainsi au supermarché ce qu’ils auraient gagné en prime sur la feuille de paye. Les superbénéfices des grandes entreprises, les milliards de dividendes versés aux familles bourgeoises ne risquent rien, et surtout pas d’être taxés pour que les travailleurs puissent vivre dignement.

Quant à sa promesse de retour à la retraite à 60 ans, après quarante ans de cotisation, elle ne coûte pas cher, à l’heure où les jeunes entrent sur le marché du travail bien après 20 ans et connaissent de longues périodes de chômage.

Le programme social de Le Pen est clair : pour les travailleurs étrangers, les coups ; pour ceux que la vie a brisés, communément dénommés « cas sociaux » par les lepénistes, les tracasseries, le mépris, la misère ; pour les travailleurs français, à condition d’être soumis à leur patron, les discours creux aujourd’hui, les poches vides demain, les coups après-demain. Pour les capitalistes, nul contrôle, mais les subventions, les courbettes, et toujours le droit d’exploiter et de licencier.

Partager