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Dans le monde
Europe : de moins en moins unie
Lundi 6 mars, les Premiers ministres allemand, italien et espagnol ont été invités par Hollande à un mini-sommet européen au château de Versailles. Au programme des discussions : la relance du projet européen.
Hollande s’est déclaré en faveur de « coopérations différenciées », permettant à « quelques pays » d’« aller plus vite » et « plus loin ». La chancelière allemande a affirmé, quant à elle, qu’il fallait « avoir le courage d’accepter que certains pays avancent plus rapidement que d’autres », sans que « ce soit fermé à ceux qui ont pris du retard ».
De telles généralités n’apportent en fait rien de nouveau car l’Europe à plusieurs vitesses que ces dirigeants appellent de leurs vœux existe déjà. En effet l’Union européenne (UE) n’a rien d’une construction démocratique où tous les États seraient à égalité. Au contraire, comme dans le reste du monde impérialiste, les pays les plus riches imposent leurs volontés aux pays les plus faibles, dans l’intérêt des bourgeoisies les plus puissantes. L’exemple de la Grèce et la façon dont les dirigeants d’Europe s’entendent pour saigner ce pays, en lui imposant des plans d’austérité pour garantir les profits des banquiers, l’illustrent parfaitement.
Régulièrement, la question du fonctionnement des institutions de l’UE revient sur le tapis, car les dirigeants des pays les plus riches ont tout de même été obligés de laisser une place aux représentants des pays les plus pauvres, leur donnant ainsi la possibilité de faire entendre leur voix à certaines occasions et dans certaines négociations. Il est certain que les dirigeants français et allemands ne seraient pas mécontents de diminuer ces possibilités. Hollande et Merkel voudraient pouvoir imposer plus facilement leurs décisions aux plus petits États d’Europe.
En fait, il n’y a pas un domaine important où l’unification ait été poussée jusqu’au bout : ni sur la question des impôts, ni dans le domaine social, ni même sur la question des droits des femmes, que ce soit sur le divorce ou le droit à l’avortement. Si les bourgeoisies d’Europe ont trouvé un intérêt à s’unir dans un cadre permettant de créer un marché commun, elles ont défendu le maintien des États nationaux, avec leurs frontières, leurs prérogatives et leurs législations particulières dans de nombreux domaines, car elles en avaient besoin pour trouver un appui et une protection dans la concurrence qui les oppose.
Au travers de continuelles épreuves de force et de laborieuses négociations, les dirigeants d’Europe sont parvenus à accoucher d’une unification très limitée. Et aujourd’hui, ils peinent à maintenir cette union mise à mal par les rivalités économiques et nationales avivées en cette période de crise.