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- Lutte ouvrière n°2534
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Editorial
Violences policières : l’État et sa police contre les classes populaires
Dans la foulée de l’affaire Théo, on a pu croire que les problèmes des quartiers populaires allaient s’inviter dans la campagne électorale, que l’on y parlerait des violences policières, de ce chômage de masse qui frappe en premier lieu les plus jeunes, ou encore du manque de moyens des écoles. Mais la droite et le FN tentent d’inverser la situation, en présentant les jeunes des quartiers comme des « voyous ».
Fillon n’a rien trouvé de mieux pour faire oublier ses propres affaires d’emplois fictifs. Il réclame les peines plancher, la majorité pénale à 16 ans et des milliers de places de prison supplémentaires. Ce tout-répressif ne réduirait en rien la délinquance, d’autant que la loi permet déjà aujourd’hui d’envoyer des mineurs en prison.
Et puis, quelle arrogance, de la part de celui qui a arrosé sa famille d’un million d’euros d’argent public pour se payer un manoir et vivre dans le luxe ! Que cela soit désormais connu de tous ne l’empêche pas de se présenter à l’élection. Comme tout bourgeois, il considère que tout lui est dû. Les efforts, les sacrifices, voire la prison, sont pour les classes populaires. Les privilèges sont pour les Fillon et les riches dont il est le serviteur.
Aujourd’hui, dans les quartiers, l’État envoie la police pour faire régner l’ordre. Mais de quel ordre s’agit-il ? Pour l’essentiel, de l’ordre social basé sur l’exploitation et les injustices, bien loin de la devise « Liberté, égalité, fraternité ».
Certes, dans cette société brutale, la police a des fonctions utiles, et tout un chacun peut avoir besoin d’elle. Mais, en défendant avant tout l’ordre social existant, elle défend la domination des riches. Aucun bourgeois ne subira les violences subies par les jeunes des cités ou par les travailleurs qui, pour défendre leur emploi, bloquent leur usine ou manifestent. La police a pour vocation de faire taire ceux qui contestent l’ordre capitaliste.
Au fil des témoignages, on en sait un peu plus sur la police d’Aulnay-sous-Bois. Le commissariat de cette ville est un repaire de policiers d’extrême droite, toujours prêts à lancer aux jeunes une insulte raciste ou une provocation. Ces policiers multiplient les humiliations, les coups, voire les actes de barbarie, contre ceux qui leur tiennent tête.
C’est ce pour quoi le jeune Théo a payé le prix fort. Il a été violenté parce qu’il habite une cité HLM, qu’il est noir et qu’il n’a pas plié l’échine face aux insultes et aux coups de tortionnaires racistes. Théo, c’est notre fils, c’est notre frère, c’est notre dignité.
Depuis cette agression, la police ne manque pas de soutien. Elle en a bien sûr du côté de Le Pen et de la droite : celles-ci réclament l’interdiction des manifestations, qui ne se résument pourtant pas aux casseurs. Pour ces politiciens, il faudrait que les policiers puissent se livrer à leurs exactions impunément… et sans qu’on puisse protester !
L’attitude du gouvernement PS est également scandaleuse. Hollande est certes allé voir Théo à l’hôpital, espérant ainsi calmer la colère des banlieues. Mais le ministre de l’Intérieur a qualifié l’agression de Théo d’« accident », reprenant la version des bourreaux contre celle de leur victime. Depuis 2012, le gouvernement a défendu les policiers, même dans leurs revendications les plus réactionnaires. Il a commencé par renoncer à la délivrance d’un récépissé lors des contrôles d’identité, pourtant promis par Hollande. Et maintenant, le Parlement assouplit les règles d’usage des armes à feu, élargissant encore le droit de tirer pour les policiers.
La justice défend l’ordre social tout autant que la police. Les policiers agresseurs de Théo sont laissés en liberté. Des jeunes qui ont jeté des pierres sont condamnés à des peines de prison ferme. Et qu’en est-il des actionnaires de PSA qui, à Aulnay-sous-Bois, ont détruit, non un simple abribus, mais une usine automobile de 160 hectares employant 3 000 salariés ? Ils ont brisé la vie de nombreuses familles populaires, mais eux n’ont jamais été jugés. Ils engrangent même des profits record, augmentés par les suppressions d’emplois ! La justice sert les riches, parce que la loi est faite pour eux.
Si nous ne voulons plus de ces injustices, il faut renverser le capitalisme, ce système où les riches ont tous les droits, et où les travailleurs qui relèvent la tête prennent des coups. Le monde du travail en a la force, s’il en a la conscience. À l’élection présidentielle, en votant pour notre candidate Nathalie Arthaud, les travailleurs pourront au moins dire qu’ils ne veulent plus du capitalisme, cette société de violence et d’exploitation.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 20 février 2017