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Leur société
Hamon veut rassembler : un air de déjà vu
Depuis qu’il a emporté la primaire socialiste, Benoît Hamon multiplie les rencontres, avec pour objectif de rassembler la gauche, seule chance pour lui de franchir le premier tour.
Pour cela, Hamon doit réunir derrière lui au moins une partie importante du Parti socialiste. Cela n’est pas forcément simple pour celui que les médias, et lui-même, ont présenté comme l’opposant à la politique menée au gouvernement par ce même parti, mais son entrevue avec Hollande quelques jours après sa victoire, les signes d’apaisement envoyés par Valls à ses soutiens sont là pour l’y aider.
Il veut aussi que son équipe de campagne représente toutes les sensibilités du parti. Deux de ses porte-parole sur sept sont ainsi des proches de Hollande, et des amis de Valls sont présents à la direction de sa campagne. Voilà pour ceux qui pensaient, en votant Hamon, désavouer la politique du gouvernement.
Dans le même temps, Hamon fait les yeux doux aux partenaires traditionnels du PS. Les négociations pour le retrait du candidat d’Europe écologie-Les Verts, Yannick Jadot, sont en cours. Étant donné la proximité des élections législatives et de la présidentielle, il est probable que Hamon saura trouver les mots tendres, en terme de circonscriptions, convenant aux oreilles écologistes.
Quant à la direction du PCF, qui regrette un peu d’avoir déjà choisi son poulain en la personne de Mélenchon, elle estime que la victoire de Hamon « rouvre le jeu à gauche » et plusieurs cadres appellent à une candidature unique.
Il n’y a rien de neuf dans tout cela. Il ne s’agit que de la énième version de l’Union de la gauche. Si Hamon rame ferme pour jouer les rassembleurs, Jean-Luc Mélenchon, lui, adopte une posture inverse. Face aux avances appuyées de son rival, il campe dans une attitude de refus, expliquant qu’on ne se paiera pas sa tête en lui « multipliant les bisous partout ». Et d’ajouter qu’il n’acceptera ni les combines ni les combinaisons, ajoutant même ironiquement qu’il accepterait une unité à condition qu’elle se fasse derrière sa personne.
Cette théâtrale fermeté tiendra-t-elle jusqu’à l’élection, voire au-delà ? Il serait bien naïf de croire que Mélenchon se refusera aux accords et aux combinaisons politiciennes, sous prétexte qu’il refuse, pour le moment, celles que lui proposent les amis de Benoît Hamon. Car que propose-t-il d’autre lorsqu’il évoque ses projets de nouvelle Constitution ou les mesures qui figurent dans son programme ? Il veut une coalition d’élus qui constituerait une majorité parlementaire et qu’il qualifie de nouvelle parce qu’il en prendrait la tête. Si cela n’est pas une construction politicienne, qu’est-ce d’autre !
Derrière un discours qu’il s’efforce de rendre virulent, Mélenchon reste non seulement dans le cadre du système économique en place qu’il refuse de contester même en paroles, mais aussi dans le cadre institutionnel. Il s’inscrit dans cette logique dont on vérifie en permanence l’impuissance à changer le sort des classes populaires, et qui consiste à leur répéter, d’une consultation à l’autre : « Votez pour moi et je ferai le reste » !