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Leur société
Macron : le plein de mots creux
En meeting à Lyon le 4 février, Macron s’est dit à la recherche d’un slogan. Plutôt que le En marche, émanant prétend-il de ses partisans, il pourrait adopter : « Chez Macron, tout est bon ».
Tout est bon pour faire du bruit avec des mots, bien ronds, usés comme de vieux galets roulés dans les paroles des politiciens de plusieurs générations. À Lyon, Macron a égrené, sur plusieurs écrans simultanément, les lieux communs du discours électoral, allant de « reprendre leur destin en main » à « le meilleur est à nous », en passant par les « combats contemporains » nommés « liberté, égalité, fraternité », soigneusement ar-ti-cu-lés mais bien peu illustrés dans un quelconque programme.
Son programme ? Macron le dévoilera le 3 mars, promet-il. D’ici là, lui et son staff ont laissé percer quelques vagues notions, ni de droite ni de gauche, mais… plutôt de droite tout de même.
Celui qui considère « que le travail est une valeur, parce que c’est la première source d’émancipation individuelle » est loin d’en revendiquer un pour les 6 millions de chômeurs. Au contraire, il trouve les 35 heures « insuffisantes quand on est jeune », surtout payées au smic, en effet ! Pour « accompagner le retour à l’activité », il suggère obscurément de « transformer le RSA » et, dans tous les cas, de poursuivre la politique d’aide aux entreprises, en transformant le CICE en allègement de charges durable qui, selon lui, inciterait les patrons à créer davantage d’emplois. Quand on voit le peu d’emplois créés depuis quatre ans par ces dizaines de milliards distribués largement, on frémit de les voir devenir durables. Quant aux vieux travailleurs, Macron aborde l’âge de la retraite avec une sorte de légèreté insouciante, parlant de le « moduler selon les individus et les situations ».
Le salaire ? Il se verrait amputé d’une CSG plus élevée, en échange d’une suppression des cotisations maladie et chômage. C’est le flou total sur le financement de l’assurance-maladie et de l’Unédic, plus encore sur les salaires qui ne permettent pas de vivre décemment.
Dans le bric-à-brac, on peut encore trouver la tarte à la crème de la réforme de la carte scolaire, la réduction de la part du nucléaire dans l’énergie, l’augmentation du budget de la défense, l’innovation, l’excellence, trois ratons-laveurs et… une promesse chiffrée, une : la création de 10 000 postes de policiers et gendarmes.
Une précision récente, cependant : l’ex-banquier Macron propose de supprimer tout bonnement l’ISF, l’impôt sur la fortune, pour les actionnaires, qu’il n’hésite pas à considérer comme ceux qui « financent l’économie réelle ». Seul le patrimoine foncier serait imposé. Tout au plus une pierre dans le parc du châtelain Fillon !