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Leur société
Le Pen : un programme propatronal
Le 5 février, Marine Le Pen a présenté son programme pour l’élection présidentielle. Outre la démagogie la plus crasse contre les travailleurs immigrés, elle cherche à plaire au patronat avec une orientation fondamentalement antiouvrière.
Le Pen annonce bien quelques mesures en direction des classes populaires, comme la baisse des tarifs du gaz et de l’électricité de 5 %, la diminution de 10 % de l’impôt sur le revenu pour les tranches les plus basses. Elle se prononce aussi pour le retrait de la loi travail et pour le retour de la retraite à 60 ans.
Mais, et c’est le plus significatif, elle abandonne déjà sa proposition d’une augmentation de 200 euros pour les petits salaires, qui est remplacée par une prime de 80 euros par mois pour les bas revenus et les petites retraites. De plus, cette prime n’augmentera en rien le pouvoir d’achat car elle sera financée par une taxe sur les importations et entraînera donc une augmentation des prix.
Le Pen conserve toutes les mesures anti-immigrés les plus abjectes. Elle veut inscrire dans la Constitution la « priorité nationale » applicable notamment en matière d’embauche, taxer l’emploi des salariés étrangers, supprimer les remboursements de soins des travailleurs immigrés, etc. Toutes ces mesures visent à diviser les travailleurs en s’en prenant à la fraction immigrée de la classe ouvrière, avant de s’en prendre aux autres, tout comme dans une entreprise le patron s’attaque aux intérimaires avant de s’attaquer aux travailleurs en CDI. Les immigrés lui servent de boucs émissaires pour détourner contre eux la colère des autres travailleurs et protéger le grand patronat, le seul et vrai responsable du chômage et des bas salaires.
Protéger les patrons et leurs profits, c’est la base des idées de Le Pen. Dernièrement, elle s’est déclarée contre l’augmentation du smic, qui entraînerait « une charge supplémentaire pour les entreprises », en clair : une perte de profit pour le patronat. Comme celui de n’importe quel politicien bourgeois, son programme fourmille de promesses de cadeaux aux patrons : suppression du compte pénibilité et des cotisations patronales pour une première embauche d’un jeune sur une période de deux ans, baisse de 33 % à 15 % des impôts sur le bénéfice des petites entreprises, maintien du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), etc. Et les mesures protectionnistes que Le Pen préconise seraient surtout des moyens de protéger les parts de marché des entreprises françaises et donc les profits des capitalistes français.
Enfin, après avoir beaucoup parlé dans le passé de sortir la France de l’euro, Le Pen a visiblement décidé de mettre ce sujet en veilleuse, le grand patronat étant aujourd’hui particulièrement hostile à cette mesure. Il pourra ainsi être pleinement rassuré.
Le Pen dénonce « la gauche du fric et la droite du fric ». C’est bien normal quand on représente… l’extrême droite du fric.