États-Unis : Wall Street choyé par Trump08/02/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/02/2532.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Wall Street choyé par Trump

Donald Trump a signé le 3 février deux décrets présidentiels visant à détricoter la loi Dodd-Franck, censée introduire un peu de régulation dans la jungle de la finance. Recevant des patrons, il a prétendu avoir « des amis qui ne peuvent pas démarrer leur entreprise parce que les banques ne veulent pas leur prêter, à cause des règles et des contrôles de Dodd-Frank ».

En 2010, pour conjurer le risque d’un krach financier comme celui de 2008, l’État américain alors présidé par Obama avait, tout en renflouant les banques avec de l’argent public, laborieusement mis au point la loi Dodd-Franck, accompagnée des règles Volcker, du nom d’un ancien directeur de la banque centrale américaine. Sept ans plus tard, ces 2 300 pages de textes législatifs mettant en jeu de nombreuses agences étatiques ne sont pas encore entièrement entrées en application, mais Trump veut déjà les défaire.

Les banques ne supportent pas la moindre contrainte. Une simple règle affirmant qu’un banquier doit agir dans l’intérêt de ses clients est de trop. Elles ne veulent pas se priver de la possibilité de les plumer en leur vendant des actions sur lesquelles elles spéculent par ailleurs à la baisse.

Nul ne sait si la loi ­Dodd-Franck, même complétée, empêcherait un nouveau krach financier. Mais Trump et ses amis banquiers, dont d’anciens dirigeants de Goldman Sachs à qui il a offert des postes gouvernementaux de premier plan, ne veulent rien qui puisse freiner l’avidité de profit de la finance. Même au risque de replonger le monde dans une nouvelle crise, alors que les conséquences de la précédente se font encore sentir.

Gary Cohn, conseiller économique de Trump et ancien numéro deux de Goldman Sachs, a osé prétendre que la recherche d’une déréglementation des marchés financiers « n’a rien à voir avec Goldman Sachs ni avec JP Morgan, Citigroup ou Bank of America ». Il a pourtant clairement défendu leurs intérêts en affirmant qu’il ne fallait « pas accabler les banques avec des réglementations qui leur coûtent, chaque année, des milliards de dollars ».

La loi Dodd-Franck n’a pas empêché la sphère financière de croître et Wall Street de nager dans les milliards. Au cours du dernier trimestre de 2016, Goldman Sachs a réalisé 2,15 milliards de dollars de bénéfices, Citigroup 3,57 milliards, Morgan Stanley 1,51 milliard et JP Morgan Chase 6,73 milliards. Mais même ce peu de réglementation est encore de trop. Il y a plus d’argent à se faire dans la spéculation, et les banquiers ne veulent pas le moindre fil à la patte de ce point de vue.

Le temps où le candidat Trump pourfendait la finance, en discours uniquement, est passé. Installé à la Maison-Blanche, il ne veut plus penser aux bulles spéculatives et à leur potentiel destructeur. Lui et ses soutiens veulent pouvoir s’enrichir au plus vite, même si cela fait s’écrouler leur système.

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