Hypermarchés Carrefour : travail du dimanche, c’est NON !01/02/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/02/2531.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hypermarchés Carrefour : travail du dimanche, c’est NON !

La direction de Carrefour a lancé une offensive pour ouvrir ses hypermarchés tous les dimanches matin. Elle comptait pour cela sur la signature de syndicats. Mais, face au rejet unanime des salariés, aucun syndicat n’a finalement osé signer ce recul.

Jusqu’à aujourd’hui, l’accord d’entreprise des hypermarchés Carrefour précise que « le repos hebdomadaire est assuré par la fermeture des établissements le dimanche ». À vrai dire, Carrefour, comme les autres enseignes, utilise depuis longtemps les « dimanches du maire » où, sur autorisation municipale, les magasins peuvent ouvrir, en particulier en période de fin d’année et au moment des soldes. La loi Macron, en 2015, a même fait passer ce nombre de dimanches de cinq à douze.

Mais le patronat du commerce veut pouvoir disposer des salariés sept jours sur sept, et 365 jours par an. Alors en septembre Carrefour, prétextant la concurrence, a voulu modifier cet accord d’entreprise afin d’ouvrir tout hypermarché jusqu’à 13 heures tous les dimanches. De plus, les heures dominicales, actuellement payées 300 %, ne le seraient plus qu’à 180 %.

Il lui fallait pour cela la signature de syndicats représentant 50 % des voix à l’échelle du groupe. La CGT Carrefour s’est opposée rapidement, suivie de la CFDT qui avait pourtant soutenu l’extension du travail du dimanche et la loi Macron. La direction comptait donc sur Force ouvrière (46 % des voix) qui, jusqu’à fin janvier, militait en ce sens. Ainsi, le 24 janvier, le site national de FO indiquait : « Il y a 47 ans, FO et Carrefour ont signé un accord sur le repos dominical. Depuis, le commerce et le droit ont évolué et, dans ce contexte, la proposition que fait aujourd’hui Carrefour est légitime. » Mais les travailleurs et militants de base n’étaient pas du tout du même avis !

Dès l’annonce de cette menace en novembre, la réaction des salariés a été : « Ils veulent détruire notre vie ! » En effet, le samedi étant généralement travaillé, le dimanche est la seule journée où il est possible de voir ses proches, d’avoir une vie sociale ou familiale. L’argument du volontariat ne fait pas illusion : l’encadrement dispose de nombreux moyens de pression pour trouver des volontaires. De plus, les collègues CDD et nouveaux embauchés n’auraient pas leur mot à dire. En fait, c’est le niveau extrêmement bas des salaires, souvent au smic, voire bien en dessous pour les temps partiels, qui contraint des salariés à sacrifier leurs dimanches. Mais si les salaires étaient décents, c’est à-dire d’au moins 1 800 euros net, il n’y aurait aucun volontaire.

Les actionnaires de Carrefour, Auchan, Leclerc et autres sont commercialement concurrents, mais totalement complices dans leur volonté de démolir les conditions de vie des salariés de la grande distribution pour augmenter leurs dividendes.

Dans nombre de magasins, des pétitions ont tout de suite circulé, recueillant 80 à 90 % de signatures contre le travail dominical. Des débrayages, distributions de tracts et prises de parole ont été organisés dans des dizaines de magasins en décembre et en janvier.

Finalement, les 24 et 25 janvier à Nantes, FO a réuni les représentants de 126 magasins. 108 syndicats se sont prononcés contre l’ouverture le dimanche, soit 85 %. Le délégué de groupe FO a donc annoncé que « pour 2017, FO donnerait un avis défavorable au projet », tout en ajoutant que, « pour l’instant, nous avons pris cette décision. Mais, dans un monde où tout bouge, tout change, nous verrons comment nous nous adaptons. »

Le lendemain, c’était donc le soulagement dans les magasins. Le rejet unanime des travailleurs et militants de base a dissuadé certaines directions syndicales de signer cette régression.

C’est sur cette mobilisation qu’il faudra compter à l’avenir pour déjouer les futures attaques.

Partager