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- Lutte ouvrière n°2531
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Leur société
Fillon : un larbin très bien payé
« La France unie, attachée à une certaine idée de la famille, a été dédaignée », s’est emporté Fillon lors de son discours du 29 janvier à Paris. Lui, il n’a pas oublié sa famille en complétant ses revenus par de petits arrangements avec l’argent public.
La justice n’y verra peut-être aucun délit. Mais, l’image de père la morale que François Fillon s’est donnée face à Sarkozy dans la primaire à droite a du plomb dans l’aile depuis les révélations du Canard enchaîné sur l’emploi sans doute fictif d’attachée parlementaire de Penelope Fillon. Cet « emploi » qui lui a rapporté 830 000 euros, elle l’a cumulé avec un autre, probablement aussi fictif que très bien rémunéré, à la Revue des deux mondes, propriété d’un milliardaire ami de la famille. Le journal du dimanche a affirmé, lui, qu’entre 2005 et 2007, quand Fillon était sénateur de la Sarthe, il avait encaissé sept chèques d’une caisse secrète pour un total de 21 000 euros. Et il s’est pris lui-même les pieds dans le tapis en avouant sur TF1 qu’à la même époque, il avait rémunéré ses deux enfants 84 000 euros, toujours avec de l’argent public, pour des missions d’avocats alors qu’aucun des deux n’avait terminé ses études de droit.
La famille Fillon semble s’accommoder parfaitement de l’assistanat parlementaire dont les indemnités sont bien au-dessus du RSA ou même des 750 euros hypothétiques du revenu universel. Pourtant, à l’occasion du meeting du 29 janvier, où son amour pour son épouse, son amour de la France ont été savamment orchestrées, Fillon a fustigé « l’assistanat universel », qu’encouragerait le revenu universel de Benoît Hamon.
Il n’est pas surprenant que Fillon utilise les opportunités offertes par ses fonctions, tout en endossant le costume de père la rigueur, chantre du travail et de l’effort. Il est au service d’une classe qui amasse des centaines de millions d’euros en parasite du travail de la classe ouvrière, qui profite des aides publiques, qui se soustrait à l’impôt légalement ou illégalement et qui, dans le même temps, ne cesse d’appeler à la baisse du « coût du travail », comme Fillon l’a encore proclamé dimanche 29 janvier.
Fillon est à l’image de la classe qu’il sert : il exige la bouche pleine que les classes populaires se serrent la ceinture encore un peu plus pour la grandeur de la France. « Salariés, indépendants, fonctionnaires, on est tous sur le même navire », a déclaré Fillon ; il a juste oublié d’ajouter que lui était sur le pont avec ses maîtres et les classes populaires à ramer en fond de cale.