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Mexique : la hausse des carburants déclenche des émeutes
La hausse du prix de l’essence de 20 % et du diesel de 16,5 % au 1er janvier a déclenché une réaction de colère populaire qui a touché les deux tiers des trente-deux États du Mexique.
Au moins un millier de magasins ont été pillés. Et il y a eu de nombreux affrontements avec la police, 1 500 arrestations et cinq morts. On a pu voir aussi des dizaines de milliers de magasins fermés par crainte des émeutes, mais aussi des policiers participant eux-mêmes au pillage et un gouverneur d’État qui tentait de calmer la population en distribuant des bons d’achats payés sur ses propres deniers. Et la colère ne retombe pas ; les manifestations se multiplient.
Dans ce pays, grand producteur de pétrole mais aussi importateur de carburants, l’augmentation des prix découle d’une réforme prise en 2013 par le gouvernement du président Peña Nieto et qui a entraîné cette année la fin des subventions qui minoraient jusqu’à présent les prix. L’objectif de la réforme énergétique était d’ouvrir le marché des carburants à la concurrence.
Pour tenter de calmer la colère, le président mexicain a dit que la hausse des prix des carburants ne découle pas de sa réforme mais de la hausse sur le marché mondial. Il affirme aussi que la hausse des prix est un sacrifice nécessaire pour préserver les programmes sociaux. De même, il a annoncé une baisse de 10 % des salaires des fonctionnaires les mieux payés.
Ces arguments ne convainquent personne, ni la population, ni les syndicats, ni les universitaires, ni le patronat, ni l’épiscopat, ni même les politiciens, y compris ceux qui avaient voté il y a quelque temps une hausse des taxes sur les carburants ; taxes qui représentent 36 % du prix.
Toutes les institutions réclament que le gouvernement revienne en arrière sur les hausses de carburant. En effet, si elles étaient maintenues, elles tireraient tous les prix des denrées alimentaires vers le haut. En une semaine, le prix du kilo de tortilla, la galette de maïs dont se nourrissent les Mexicains, a augmenté de 3 à 6 % selon les régions du pays.
La réaction populaire contre l’actuel gouvernement, que celui-ci n’avait pas du tout anticipée, a entraîné une crise politique. Le parti au pouvoir, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), accuse l’opposition du Parti de la révolution démocratique (PRD) et son principal dirigeant Andrés Manuel López Obrador (AMLO) de vouloir tirer parti de cette colère.
Pour le PRI, cela tombe mal. L’élection de Peña Nieto, en 2012, avait déclenché des manifestations massives, tant le résultat de l’élection était douteux. Il y a eu ensuite la mort scandaleuse de 43 étudiants d’Iguala, massacrés par des nervis d’un gang de la drogue, agissant pour des politiciens locaux. Il y a maintenant ces émeutes d’une ampleur inédite. À un an de l’élection présidentielle, le PRI a des raisons de craindre de perdre la partie.