- Accueil
- Lutte ouvrière n°2530
- Manif anti-IVG : Fillon racole chez les réacs
Leur société
Manif anti-IVG : Fillon racole chez les réacs
Dimanche 22 janvier, plus de dix mille personnes ont manifesté à Paris pour le « droit à la vie ». Une manière d’attaquer le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Bien entendu, François le pape a apporté son soutien à ces gens. Ils partagent une vision réactionnaire de la place de la femme et de la famille dans la société, et une opposition moyenâgeuse à l’IVG. Mais la présence la plus commentée par la presse a été celle de Madeleine Bazin de Jessey, la porte-parole de Sens commun, émanation du mouvement La Manif pour tous à l’intérieur du parti Les Républicains, qui a soutenu François Fillon. Bazin de Jessey fait partie de l’équipe de campagne de Fillon et, avec elle dans la rue, il était donc dans la manifestation sans y être.
Attaquer la liberté des femmes et l’IVG, c’est un drapeau traditionnel de ralliement pour tous les réactionnaires de France et d’ailleurs. Tout l’art politicien de Fillon consiste à loucher quand il fait de l’œil à ces électeurs qui ont toujours en travers de la gorge la révolution de 1789 et Mai 1968, et qui lui ont assuré la victoire lors des primaires de la droite. Il aura besoin d’eux face à Macron, dont le programme économique favorable aux patrons ressemble beaucoup au sien.
Mais Fillon doit en même temps ne pas trop se compromettre avec cette frange rancie de son électorat, car il aura aussi besoin dès le premier tour des électeurs de droite qui ont moins de toiles d’araignée dans la tête que les anti-IVG, et même des électeurs du centre et de gauche face à Le Pen au second tour. Le président de Sens commun, Christophe Billan, commentant la participation de Bazin de Jessey, essaie donc de noyer le poisson dans l’eau bénite : « Ce n’est pas un appel à manifester. Nous constatons l’existence de la marche et rappelons à nos adhérents que battre le pavé est important. » Il ajoute, à propos de l’IVG, qu’il faut « encadrer une pratique qui doit rester exceptionnelle ». Cette rhétorique jésuite est celle de Fillon qui, tout en déclarant qu’il ne remettrait pas en cause la loi Veil, se déclare opposé à l’IVG « à titre personnel, [...] compte tenu de sa foi » catholique.
Reste que, pour combattre les réactionnaires qui, de Trump à Fillon, voudraient que les femmes n’aient plus le contrôle de leur corps, « battre le pavé est important » : c’est ce qu’ont dit toutes celles qui ont manifesté le 21 janvier contre Trump dans différents pays, et elles ont bien raison.
(voir p. 10 l’article sur la marche des femmes aux États-Unis)