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Boulogne-Billancourt : solidarité après l’incendie d’un foyer
Mardi 10 janvier, 7 à 800 personnes ont manifesté à Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne. Il s’agissait de montrer leur solidarité vis-à-vis des habitants du foyer de travailleurs immigrés de la rue Nationale, victimes d’un incendie criminel.
Dans la nuit du 15 au 16 décembre, un incendie démarrait dans le hall d’un des bâtiments, faisant un mort et plusieurs blessés. La police décelait des traces d’hydrocarbures et d’un accélérateur de combustion. D’autre part, juste avant l’incendie, la caméra qui surveillait l’entrée avait disparu, la loge du gérant avait été vidée et la porte d’entrée, d’ordinaire toujours ouverte, était bloquée.
La gestion du foyer, qui comporte 328 chambres, a été confiée depuis 2011 à Coallia. Depuis lors, les immeubles sont laissés à l’abandon. Les toilettes et les douches – qui sont collectives – sont fréquemment inondées ou en panne. Fuites d’eau, fuites de gaz, coupures de courant, porte d’entrée dégradée sont le lot quotidien. Les résidents payent 215 euros par personne pour des chambres de 15m2 où se trouvent trois lits.
Depuis des mois, le gérant refuse toute concertation et ne répond même pas aux messages signalant les travaux nécessaires. Au mois de mai, suite à la fermeture de la cuisine collective, lieu de convivialité et d’échange, les locataires ont démarré une grève des loyers. Conseillés par des avocats, ils payent leurs loyers, mais les sommes sont provisoirement bloquées, selon une procédure légale.
La plupart des locataires habitent ce foyer depuis de nombreuses années. Ils sont retraités ou salariés dans le bâtiment, le nettoyage, les restaurants, les hôtels, l’industrie. C’est d’ailleurs un ouvrier qui partait travailler à l’usine Renault de Flins qui a décelé l’incendie à 3 h 30 du matin. Soixante résidents sont également employés par GPSO (Grand Paris Sud-Ouest) dans les services publics des villes avoisinantes.
Ce foyer a été construit en 1974 avec le concours de la Régie Renault. Longtemps les usines Renault ont occupé tout un quartier de Boulogne. Depuis leur destruction, le quartier est en pleine rénovation et le foyer occupe des surfaces qui intéressent les promoteurs. N’est-ce pas ce qui explique le refus de travaux, la dégradation des conditions de vie des résidents, peut-être même cet incendie ?
En réponse, les responsables politiques se sont empressés de calomnier les habitants. Le ministre de l’Intérieur a déclaré à l’AFP : « C’est un foyer qui pose problème, avec activités et restaurants clandestins. L’ambiance y est délètère avec des rixes entre résidents et des trafics. » Il a même été jusqu’à parler de « règlements de comptes internes ». Quant au maire de la ville Pierre-Christophe Baguet (Les Républicains), son premier communiqué s’intitulait « Le foyer doit fermer » et il ne comportait pas un mot de solidarité avec les victimes.
Dimanche 18 décembre, à l’appel des résidents, ce sont donc plusieurs centaines d’habitants indignés qui se sont rassemblés au foyer. De nombreuses associations et des élus ont apporté leur soutien. Pierre Gaborit, conseiller municipal PS depuis de longues années, a confirmé que jamais la police n’avait été amenée à intervenir dans le foyer. Et l’avocat des résidents a souligné qu’il était important de se mobiliser pour réclamer que l’enquête soit confiée à un juge d’instruction. En effet, tant qu’elle reste dans les mains de la police, les avocats n’ont pas accès au dossier.
Mardi 10 janvier, jour de la manifestation, près d’un mois après l’incendie, l’enquête était toujours dans les mains de la police. De nouvelles actions ont été décidées.