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Afrique-France : les sales guerres de Hollande
Le sommet Afrique-France qui s’est clos à Bamako samedi 14 janvier avait été organisé pour permettre à François Hollande de vanter, devant un parterre de 35 chefs d’État du continent, l’action de la France en Afrique, dont l’intervention militaire au Mali devrait être le symbole.
La révélation pendant le sommet de l’assassinat d’un enfant de dix ans par l’armée française est cependant venue ternir l’image exemplaire que voulait donner de cette intervention le président français. Soupçonné d’être un guetteur pour le compte d’un groupe djihadiste, cet enfant a été tué le 30 novembre. Il avait été chargé par ses parents de rassembler des ânes pour aller chercher de l’eau. Les nomades qui ont rapporté les faits ont alors vu deux hélicoptères survoler leur campement, avant d’entendre des tirs. Quelques heures plus tard, un hélicoptère s’est posé et des soldats français en sont descendus. Un général français a reconnu, lors d’une réunion dont l’hebdomadaire Jeune-Afrique a pu se procurer le procès-verbal, qu’il s’agissait d’enterrer sommairement la victime.
Loin d’être une opération exemplaire comme voudrait le faire croire Hollande, l’intervention militaire au Mali est une sale guerre. Elle fait des victimes dans la population, sans éradiquer le terrorisme, et en lui fournissant même de nouvelles recrues. Lorsque les soldats français sont intervenus il y a quatre ans, ils ont certes chassé les groupes djihadistes des villes de Tombouctou et de Gao où ils faisaient régner la terreur, mais depuis la sécurité n’est pas pour autant revenue au Mali. La menace des groupes armés s’est même étendue à l’ensemble du pays, et ils ont fait leur apparition pour commettre des attentats jusque dans la capitale. Les pays voisins, comme la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso, ont à leur tour été frappés.
« Quand la France est en Afrique, elle ne cherche pas à exercer une influence, à peser sur les choix politiques d’un pays et encore moins à capter ses ressources », a osé affirmer Hollande dans son discours. Pour ce qui est des choix politiques, les exemples du Mali et de la Centrafrique, les deux principales interventions françaises, prouvent exactement le contraire. Ibrahim Boubacar Keita, l’actuel président du Mali, a été élu lors d’un scrutin où n’étaient présents que des amis de l’impérialisme français, à l’issue d’une « transition » pilotée de Paris qui a permis d’évincer les putschistes qui avaient renversé le président Amadou Toumani Touré.
Quant à la Centrafrique, le président Faustin Archange Touadéra est issu d’un cheminement semblable. Le président Michel Djotodia, chef des bandes de la Séléka qui occupaient Bangui, a été remplacé par une présidente « de transition », Catherine Samba Panza, lors d’une réunion tenue dans la capitale tchadienne sous la pression insistante d’Idriss Déby, le dictateur tchadien ami de l’impérialisme français. Après cela, le gouvernement français n’a eu de cesse qu’aient lieu des élections, même si le président élu ne devait avoir aucune autorité au-delà de Bangui.
Quant à la captation des ressources africaines, la présence de Pierre Gattaz, le président du Medef, à la tête d’une délégation de soixante entreprises, dont Veolia, Bolloré ou Thales, prouve au contraire qu’elle est bien un des buts, et même l’objectif essentiel, de la présence française en Afrique. Ce n’est pas pour rien que les anciennes colonies représentent pour les grands groupes français un marché privilégié par rapport à d’autres pays, comme le Nigeria ou l’Éthiopie, où leur part est beaucoup plus faible. Elles peuvent y compter sur des présidents et des hommes politiques qui savent que Paris est prêt à assurer leur maintien au pouvoir, y compris militairement.
Hollande concluait son discours en affirmant aux chefs d’État africains : « Vous pouvez être sûrs que la France sera toujours à vos côtés parce que c’est son histoire ». Une histoire faite d’un pillage du continent et qui a continué sous Hollande.