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Accord Renault : flexibilité et exploitation accrues
Le nouvel accord triennal préparé par les experts de Renault et soumis au paraphe des directions syndicales est conclu et devrait être définitivement signé le 13 janvier. La CFE-CGC et FO l’ayant déjà signé, et la CFDT le jugeant « très favorable et prometteur », ce « contrat d’activité pour une performance durable de Renault en France » sera appliqué par la direction, même si les représentants de la CGT ne le signent pas.
Au terme d’une dizaine de réunions visant à crédibiliser la comédie du « dialogue social renforcé », selon les mots de Renault, et après quelques reculs faisant suite à des débrayages, ce nouvel accord de compétitivité vise à accroître de 45 % la productivité des 35 000 salariés de Renault SAS et de ses filiales industrielles. Le PDG Ghosn espère, d’ici 2019, obtenir en moyenne 90 véhicules par an et par salarié, quand les usines en produisent actuellement 62. Sans mystère, cela ne peut être obtenu que par une exploitation accrue dans les ateliers et les bureaux d’études.
En effet les 8 200 suppressions d’emplois liées à l’accord 2013-2016 se traduisent déjà par des conditions de travail fréquemment délirantes. Et les 3 600 embauches en CDI annoncées pour les trois ans à venir ne compenseront pas les 4 500 départs naturels (retraite, démissions, décès) sur la période. Mille autres embauches seraient nécessaires, rien que de ce point de vue. De plus, Renault annonce qu’il veut supprimer 50 % des contrats intérimaires, en faisant miroiter pour quelques-uns de ces travailleurs une embauche après réussite à des tests de prérequis de compétences.
Alors, pour que la production sorte, et surtout que les profits continuent à grimper, la direction espère imposer une flexibilité considérablement aggravée. Le temps de travail annuel établi en 2013, après le vol de 18 jours et demi de RTT par an comme à l’usine de Flins, devrait rester de 1 603 heures, mais on est de plus en plus éloigné d’horaires hebdomadaires fixes, permettant une vie sociale normale. Jusqu’à 210 heures supplémentaires par an pourront être imposées, sous forme de débordements d’une heure à la suite de l’équipe du soir, et cela pourra se faire, en fonction des besoins de la production, jusqu’à cinquante fois dans l’année, par atelier, par département ou sur toute l’usine. Des samedis supplémentaires, obligatoires jusqu’à sept jours en cas de capital-temps collectif négatif, et prétendument au volontariat dans les autres cas, pourront être programmés. On imagine bien la relativité de la notion de volontariat pour les 9 000 travailleurs intérimaires employés actuellement par Renault.
De toute façon, pour beaucoup, les salaires bloqués depuis trois ans alors que les prix augmentent ne peuvent être quelque peu améliorés que par le recours aux heures supplémentaires payées, lorsqu’elles le sont, ce qui n’est pas toujours facile pour les travailleurs intérimaires. Chacun, chez Renault, comprend donc aisément d’où provient le bénéfice net de 1,5 milliard d’euros annoncé pour le premier semestre 2016, en hausse de 7,5 % par rapport à l’année précédente. C’est aussi sans doute ainsi que le conseil d’administration justifie les 6,3 millions de petit cadeau de Noël que le PDG Ghosn vient d’obtenir, sous forme d’actions à prix préférentiel (stock options), en sus de ses 15 millions de salaire annuel.