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Burundi : dictature et démagogie ethnique
Au Burundi, le ministre de l’Environnement a été assassiné le 1er janvier. Depuis que le président Nkurunziza a annoncé, il y a maintenant deux ans, sa volonté d’être réélu pour un troisième mandat, et l’a effectivement été en 2015, les assassinats de dignitaires du régime se succèdent, et une répression de plus en plus sauvage s’abat sur la population. 500 personnes ont été tuées et 300 000 se sont enfuies dans les pays voisins.
À la fin décembre, Nkurunziza a encore mis de l’huile sur le feu en déclarant qu’il se verrait bien réélu en 2020 pour un quatrième mandat. Il est haï par la plus grande partie de la population, qui doit vivre dans la misère alors que son clan accapare les quelques richesses du pays. La peur règne désormais partout et plus personne n’est à l’abri. Dès les premières manifestations en avril 2015, à l’annonce du troisième mandat, la police avait ouvert le feu sur les manifestants, emprisonné et torturé systématiquement les opposants politiques ou les journalistes. Mais cette répression s’est bientôt généralisée après l’échec d’une tentative de coup d’État militaire en mai 2015. Les quartiers qualifiés de contestataires de Budjumbura, la capitale, sont désormais ratissés systématiquement par les forces de répression. Des hommes sont retrouvés mains liées dans le dos, exécutés d’une balle dans la tête. Les centres de torture se multiplient, et les nervis des forces de sécurité s’y livrent à tous les sévices. Chacune et chacun peut être arrêté à la sortie de chez lui, et on ne compte plus les disparus.
Le régime est prêt à tout pour garder le pouvoir, et en particulier à raviver les tensions entre les deux principales composantes du pays, Hutu et Tutsi. Les habitants des quartiers rapportent les propos suivants de ceux qui les pourchassent : « Vous, les Tutsi, on va tous vous lessiver, on va tous vous tuer, on va tous vous faire quitter le pays. » Dans ce petit pays, les différentes composantes de la population étaient parvenues à vivre en paix après une guerre civile qui, comme au Rwanda voisin, avait fait des centaines de milliers de morts et mis aux prises pendant de longues années les groupes armés se réclamant de l’identité Hutu ou Tutsi. La menace de ces massacres de masse, visant les Tutsi mais aussi les Hutu opposés au régime, ressurgit aujourd’hui pour la population, et c’est bien pourquoi ceux qui le peuvent s’enfuient en abandonnant tout.
Aujourd’hui, les grandes puissances agitent le risque d’un génocide. Ce sont pourtant elles qui ont semé le poison empoisonné de l’ethnisme. À l’époque où le Burundi comme le Rwanda étaient sous leur coupe, elles ont systématiquement différencié et opposé les uns aux autres des groupes humains comme les Hutu et les Tutsi, se servant des seconds pour dominer les premiers, et générant les haines qu’exploitent aujourd’hui des dirigeants comme Nkurunziza. C’est cette politique criminelle que paie encore aujourd’hui la population du Burundi.