Allemagne : exploitation politicienne21/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2525.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : exploitation politicienne

En Allemagne, le ton des politiques est généralement prudent, et c’est le lendemain seulement que des responsables ont confirmé qu’il s’agissait bien d’un attentat.

Cependant le parti d’extrême droite AfD, la CSU, « parti frère » bavarois de la CDU de la chancelière Angela Merkel, ainsi que des hommes politiques de son parti CDU n’ont pas attendu une minute pour vociférer contre la politique d’accueil des migrants de la chancelière, la rendant responsable de l’attentat, cela alors qu’on ne savait rien encore de ces motifs et circonstances. Le jeune réfugié pakistanais, arrêté comme un auteur possible de l’attaque, a été libéré dès le lendemain.

L’AfD a joué la provocation, osant le slogan « ces morts sont ceux de Merkel ». La CSU, qui se droitise encore depuis les succès électoraux de l’AfD et réclame depuis des mois un quota annuel de réfugiés pour l’Allemagne (200 000 par an), n’a pas attendu que le sang des victimes ait séché pour déclarer par la bouche de son dirigeant Seehofer : « Ce que nous devons aux victimes de l’attentat, à leurs proches et à l’ensemble de la population, c’est de reconsidérer l’ensemble de notre politique sécuritaire et d’immigration (...) ».

Ils savent que rendre responsable de ce drame la présence des réfugiés est un mensonge : la France et la Belgique, qui n’ont guère accueilli de réfugiés depuis 2015, ont connu des attentats terroristes, perpétrés non par des réfugiés, mais par des hommes généralement nés sur place et y ayant passé toute leur vie.

Qu’à cela ne tienne. Des groupuscules nationalistes et d’extrême droite ont appelé à manifester à Berlin mercredi 21 avec des slogans tels que « Stoppez le terrorisme ! Stoppez Merkel ! » La CSU aussi en profite pour avancer ses revendications sécuritaires, exigeant plus de présence policière et que l’armée puisse être employée pour la sécurité intérieure, alors qu’il n’est pas possible pour l’instant de voir patrouiller en Allemagne des militaires en armes. Déjà ils semblent avoir obtenu que des policiers lourdement armés soient présents dans les centres-villes et sur les marchés de Noël.

La prise de position de Merkel, lorsque le jeune Pakistanais était encore le principal suspect, est révélatrice :« Je sais que pour nous tous, s’il se confirmait qu’un homme qui a demandé protection et asile en Allemagne avait commis cet acte, ce serait particulièrement difficile à supporter. Ce serait particulièrement répugnant vis-à-vis des nombreux, des très nombreux Allemands qui quotidiennement sont engagés dans l’aide aux réfugiés, et aussi vis-à-vis des nombreuses personnes qui ont effectivement besoin de notre protection et qui s’efforcent de s’intégrer dans notre pays. »

Le danger est que les centaines de milliers de personnes, qui ont fui la guerre, la dictature et justement les bandes armées, soient maintenant assimilées à ce qu’elles ont fui.

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