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Leur société
Approche des primaires : Valls se souvient qu’il est de gauche
Lundi 5 décembre Valls a annoncé, ou plutôt confirmé, qu’il était candidat à la primaire du PS et à la présidence de la République. Il a tenu un discours de campagne dans lequel il se présente à la fois comme un homme ayant le profil du poste et comme celui qui, capable de rassembler la gauche, sera le seul à même de défendre les classes populaires des attaques de Fillon et Le Pen.
Pour ce qui concerne l’aptitude à être président, c’est-à-dire chargé d’affaires des grandes fortunes du pays, son passé parle en effet pour lui. Politicien, ministre puis Premier ministre, Valls n’a jamais fait défaut au grand capital.
En campagne, Valls a commencé à parler des travailleurs, de la défense de leurs droits et de leur dignité. Il le fait en visant ces millions d’électeurs qui sont à juste titre révulsés par Le Pen et qui rejettent le programme de Fillon, longue liste d’attaques antiouvrières. Le programme de la droite contre les retraites, contre les assurances sociales, pour l’augmentation du temps de travail, pour la baisse du salaire, est tel que, malgré le souvenir des attaques menées par Valls, ce dernier tentera de se poser en protecteur des petites gens, rejouant la comédie droite contre gauche.
Ce changement complet de rôle, d’un Valls envoyant les CRS sur les manifestations ouvrières en un Valls prétendant défendre les droits des travailleurs, montre combien les élections sont un théâtre où les rôles sont écrits depuis longtemps et où seuls changent les acteurs. La droite et la gauche ont permuté au gouvernement, appliquant toujours la même politique propatronale. Qu’importe, Fillon reprend le personnage du Bourreau de Béthune, Valls celui de l’Ange blanc, et le match peut se rejouer, tout au plus l’un des deux risque-t-il d’être remplacé au pied levé par l’Étrangleuse de Saint-Cloud.
Peu de travailleurs voteront pour Valls en croyant à ce qu’il dit. Quelques-uns voteront pour ce qu’ils ont cru entendre, d’autres voteront pour lui contre Fillon et Le Pen, mais tous ceux-là voteront en pensant que ce vote peut influer sur leur sort. Valls ne peut en effet passer pour un rempart qu’auprès de ceux qui croient à la force des bulletins de vote.
Cette illusion-là, propagée par tous les politiciens, de Mélenchon à Le Pen, inculquée aux travailleurs des générations durant par le PS puis par le PCF, conduit logiquement à voter pour ce qui leur semble le « moins pire » : pour Valls demain, et peut-être pour Fillon après-demain. Les travailleurs ne pourront s’en défaire qu’en reprenant confiance dans leurs propres forces et dans les moyens de la lutte de classe.