Turquie : l’AKP recule devant les femmes23/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2521.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : l’AKP recule devant les femmes

En Turquie, les députés de l’AKP, le parti d’Erdogan, avaient voté en première lecture le 17 novembre une loi visant à annuler « dans certains cas » la condamnation d’un homme qui aurait agressé sexuellement une mineure mais consentirait ensuite à épouser celle-ci.

Il s’agissait donc, purement et simplement, de passer l’éponge sur le viol de jeunes filles par des hommes beaucoup plus âgés et d’ouvrir ainsi encore plus grande la porte aux mariages forcés d’adolescentes, fréquents en Turquie, en particulier dans les régions rurales, bien qu’interdits par la loi avant l’âge de 17 ans. Le projet de loi avait rencontré l’opposition des parlementaires sociaux-démocrates du CHP et même de certains élus du parti d’extrême droite MHP, ceux du parti pro-kurde HDP ayant pris la décision de boycotter la Chambre depuis l’arrestation de deux de leurs dirigeants.

Mais il aura fallu la signature d’une pétition par un million de personnes et l’opposition de milliers de femmes, descendues dans les rues dès le lendemain du vote, proclamant « le viol ne peut pas être légitimé » et « les mariages forcés de mineures sont une violation des droits de l’homme » pour que le premier ministre fasse machine arrière, le 22 novembre, avant le passage du projet en seconde lecture.

Le gouvernement et la presse à sa dévotion évoquent une « maladresse » dans la rédaction du projet et son souci de protéger les maris qui pourraient être pénalisés pour avoir fait un enfant à une épouse mineure. Mais les associations de femmes dénoncent dans ce discours hypocrite une pure tentative de légaliser le mariage religieux des mineures. Au-delà, elles rappellent l’aggravation des conditions faites aux femmes en Turquie, où, depuis 2015, plus de 1500 ont été tuées par leur conjoint.

Ce n’est certes pas un Erdogan, pour qui « la vie d’une femme est défaillante et imparfaite si elle n’a pas réussi à être mère » et avec « au minimum trois enfants », qui s’opposera à ces pratiques moyenâgeuses. Au contraire, de telles mesures ne sont pas surprenantes de sa part, tant il est à la recherche de l’approbation des milieux les plus réactionnaires. Mais les femmes, en descendant dans la rue, ont montré qu’on peut le faire reculer. Et pour lui ôter l’envie d’imposer une nouvelle mouture de la loi, il leur faudra maintenir leur mobilisation.

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