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Sucrerie Tereos – Arras : une course au profit criminelle
Un accident survenu lundi 14 novembre à 7 h 40 entre un car scolaire et un camion betteravier a provoqué le décès de la conductrice du car. Le chauffeur du camion et un collégien ont été très grièvement blessés.
La thèse de l’endormissement du chauffeur du camion, qui avait pris son poste à 5 heures, semble prévaloir. Ce n’est malheureusement pas étonnant vu les conditions dans lesquelles se déroulent les campagnes betteravières, chaque année de septembre à janvier, aussi bien pour les travailleurs de la filière que pour la population locale.
L’usine de Boiry, près d’Arras, est alimentée en betteraves pendant plus de 100 jours par une noria de plusieurs centaines de camions par jour. Pesant jusqu’à 44 tonnes, remplis à ras bord, ils font trembler les maisons dans les villages ou secouent les passants sur les trottoirs, même à 50 km/h. Ils laissent des boues sur la chaussée, rendue très glissante.
Que de tels engins puissent circuler 24 heures sur 24 sur n’importe quelle route pose problème. Mais le gouvernement l’a rendu légal en levant, en 2013, toute restriction et nécessité de dérogation pour la circulation des 44 tonnes sur toutes les routes du pays.
C’est l’usine sucrière qui donne le tempo de cette circulation incessante de camions. Elle appartient à Tereos, anciennement Béghin-Say, officiellement une coopérative mais bien une entreprise capitaliste ! C’est le premier groupe sucrier français et l’un des leaders de l’agroalimentaire, avec 12 000 agriculteurs et 24 000 salariés dans le monde, aussi bien à La Réunion, qu’au Mozambique, au Brésil ou en Chine. Le Crédit agricole y possède aussi des parts.
Les contrats entre Tereos, les agriculteurs betteraviers et les transporteurs, artisans ou entreprises, sont très souvent des contrats à la tonne produite et transportée. Les retards de livraison peuvent être sujets à amendes. Ainsi, celui qui fixe la cadence de tous est le donneur d’ordres initial : le groupe Tereos.
Un facteur aggravant pour les routes autour de Boiry a été la fermeture d’autres usines sucrières dans les Hauts-de-France. Sur les douze raffineries de betteraves Tereos dans la région il y a dix ans, trois ont été supprimées, surchargeant celles qui restent et augmentant ainsi le trafic autour d’elles, accélérant la dégradation des routes, dont l’entretien retombe sur les budgets publics.
Les conditions de travail dans les usines de Tereos sont dures, avec des risques d’accidents élevés, mais c’est aussi le cas sur les routes.