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Lafarge en Syrie : bénéfices en béton
Lafarge, premier producteur mondial de ciment, est à nouveau mis en cause pour ses activités en Syrie. Deux organisations non gouvernementales et onze de ses anciens salariés dénoncent les accords qu’il aurait passés avec Daech.
Ils ont porté plainte pour financement de terrorisme, complicité de crimes contre l’humanité et mise en danger délibéré de la vie d’autrui.
En 2010, Lafarge avait inauguré une cimenterie à Jalabiya, en Syrie. Mais la guerre civile avait bientôt éclaté. En 2013, la direction de l’entreprise aurait négocié avec Daech, qui avait pris le contrôle de la région, des laissez-passer pour ses camions et l’achat de pétrole.
Pendant deux ans, le groupe aurait fait pression sur ses salariés pour qu’ils continuent à faire fonctionner les installations et à remplir les caisses des actionnaires. Les salariés dénoncent aujourd’hui ces mois passés entre les bombes de la coalition et la répression islamiste.
Fin 2014, l’accord aurait été rompu, Daech réclamant carrément un partage des bénéfices, et les installations auraient été mises hors d’état de fonctionner. Les troupes kurdes ayant repris la zone en février 2015, les locaux de la cimenterie servent désormais de base aux troupes spéciales françaises, américaines et britanniques qui appuient les troupes kurdes.
Pour Lafarge, les affaires passent avant tout, que ce soit sous le régime d’Assad ou sous celui de Daech. Et nul doute que, si les combats se terminent et que les installations sont remises en état, Lafarge ne sera pas le dernier à participer fièrement à la « reconstruction » de la Syrie.