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Air France : nouvelle direction, nouvelles attaques
« Reprendre l’offensive », a expliqué le 3 novembre le nouveau PDG d’Air France-KLM, Janaillac, en présentant son projet pour la compagnie baptisé Trust Together. En fait, il s’agit de reprendre l’offensive contre les travailleurs d’Air France.
Le PDG d’Air France-KLM explique ainsi vouloir créer une nouvelle compagnie aérienne pour les long-courriers, qu’il baptise pour l’instant projet Boost. Ce projet permettrait d’ouvrir de nouvelles lignes ou de rouvrir des lignes fermées, avec pour les pilotes l’utilisation de volontaires à des conditions particulières, non Air France, et pour le personnel navigant commercial une filière de recrutement spécifique, là aussi on s’en doute à des conditions inférieures à celles d’Air France.
Compagnies et personnel low cost
Après la création de Transavia, pour les lignes moyen-courriers, et celle de Hop ! pour les destinations intérieures, des compagnies qui fonctionnent déjà avec un personnel qui a un statut inférieur à celui d’Air France, Boost permettrait d’étendre cela aux lignes long-courriers, avec pour le personnel sans doute plus de rotations et des rémunérations en baisse, voire peut-être en embarquant sur le même vol et pour le même travail du personnel Air France et du personnel low cost. Nul doute que ce projet servira à faire encore pression sur les PNC (personnels navigants commerciaux) au statut Air France et à les culpabiliser sur leurs « avantages » actuels, en fait déjà bien diminués par les plans d’économies successifs de ces dernières années.
Pour l’activité cargo, la direction compte remplir les soutes des avions passagers long et moyen-courriers de marchandises de fret. En effet, depuis que les passagers paient un supplément pour pratiquement tous les bagages, ils en mettent moins en soute et celles-ci offrent plus de capacité libre. Aujourd’hui, il ne reste que deux avions cargos, et les effectifs de ce service ont fondu comme neige au soleil, et vont encore diminuer.
Pour le personnel au sol en escale, le projet prévoit également de revoir les conditions de travail à la baisse, avec, dit la direction, la « redéfinition d’un modèle opérationnel », « pour concilier l’évolution des métiers ». Avec, entre autres, l’étiquetage des bagages par les passagers à des bornes automatiques, le personnel présent aux comptoirs d’enregistrement a déjà considérablement diminué et on devine ce qui se profile : il y aura encore moins de personnel pour accueillir les passagers, encore plus de procédures à faire soi-même sur Internet, et des files d’attente interminables pour ceux ayant quelque chose à demander. Cela voudra dire des conditions de travail, des horaires, des situations encore plus dégradés pour le personnel au sol.
Filialisation et suppressions d’emplois
En ce qui concerne la maintenance, c’est-à-dire les activités industrielles d’entretien des avions, qui concernent à l’heure actuelle près de 8 000 personnes à Air France, c’est une filialisation qui est envisagée. La direction déclare que l’exemple de Lufthansa Technics, filiale de Lufthansa (qui a déjà décidé de supprimer 700 postes sur 2 000 à l’entretien moteurs), est pour elle une piste intéressante. La direction promet la conservation du « contrat social » actuel, sans plus de précisions, ce qui inquiète tout le monde dans les ateliers d’Air France.
Le PDG d’Air France-KLM le dit ouvertement : il s’agit, globalement, de « l’amélioration de productivité et de maîtrise des évolutions salariales », car selon lui la compétitivité reste insuffisante, même après les derniers plans qui ont entraîné la suppression de 13 500 emplois de 2009 à 2016. Ils ont abouti à une réduction des salaires, qui sont désormais bloqués et dont la progression avec l’ancienneté a été diminuée, à la suppression de jours de congés, ainsi qu’à une aggravation des conditions de travail, du fait de l’absence d’embauches alors que le trafic aérien ne cesse d’augmenter.
C’est bien cela qui, avec la menace de 2 900 suppressions de postes avec des licenciements secs, avait amené l’explosion de colère de l’ensemble du personnel, toutes catégories confondues, en octobre 2015, et l’épisode de la chemise arrachée. Mais, pour la direction, cela ne suffit pas et elle en veut encore plus. La direction ne s’en souvient-elle pas ?