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États-Unis : des candidats se réclamant de la classe ouvrière
L’élection présidentielle américaine est outrageusement dominée par les deux grands partis. Cependant d’autres candidats se présentent, qui se réclament clairement de la classe ouvrière.
Certes, il s’agit de groupes qui ne peuvent se présenter dans tous les États, mais dans quelques-uns d’entre eux – une particularité du système fédéral américain, où chaque État a sa propre législation électorale. Ainsi, Alyson Kennedy et Osborne Hart, du Socialist Workers Party (Parti socialiste des travailleurs) sont candidats à la présidence et la vice-présidence dans sept États (Utah, Louisiana, Colorado, Minnesota, Tennessee, Washington et New Jersey). Monica Moorehead et Lamon Lilly, du groupe Workers World (Monde ouvrier), sont en lice pour la présidence et la vice-présidence dans trois États (New Jersey, Utah et Wisconsin). Dans d’autres États, comme le Michigan, Moorehead et Lilly ont recueilli suffisamment de signatures pour qu’on puisse voter pour eux, sans cependant qu’ils figurent sur le bulletin de vote.
« Ces candidats ne gagneront pas. Mais un vote pour eux peut envoyer le message à d’autres travailleurs qu’ils ne sont pas seuls, que beaucoup d’autres ressentent les choses comme eux et comprennent que, pour protéger leurs intérêts, les travailleurs doivent se rassembler pour combattre pour des politiques au service de la population laborieuse », constate le journal trotskyste américain The Spark.
Par ailleurs, dans le Michigan, un État industriel dont la plus grande ville est Detroit, capitale de l’automobile, trois militants se présentent et font campagne pour un parti de la classe ouvrière. Gary Walkowicz, ouvrier de l’automobile, et Sam Johnson, retraité de l’automobile, sont candidats à la Chambre des représentants ; et Mary Anne Hering, enseignante, se présente au Board of Education, en quelque sorte le ministère de l’Éducation du Michigan. Enfin, dans le Maryland, David Harding se présente aux élections municipales à Baltimore. Nous traduisons ci-dessous un article de The Spark à propos de leur campagne.
« Les travailleurs n’ont pas de parti qui parle pour eux. Lors des élections, le principal choix proposé aux travailleurs n’en est pas un. Les républicains sont les porte-parole déclarés des grandes banques et des grands industriels, tandis que les démocrates, qui tirent des syndicats une partie de leur argent, agissent aussi pour le grand capital. Le seul choix est entre un ennemi déclaré et un faux ami – tous deux défenseurs du système capitaliste, et qui mettent tous deux en œuvre l’exploitation.
La classe ouvrière a besoin de son propre parti, un parti basé sur la conviction que la “ classe ouvrière et la classe capitaliste n’ont rien en commun ”, pour reprendre les mots des Industrial Workers of the World [IWW, Travailleurs industriels du monde, un syndicat révolutionnaire fondé en 1905]. Ce n’est pas un problème nouveau. Il manque à la classe ouvrière son propre parti depuis près d’un siècle.
Mais il y a quelque chose de nouveau : les efforts pour présenter un parti de la classe ouvrière aux élections dans le Michigan. Déjà, en 2014, cinq candidats s’étaient présentés dans cet État, avec le slogan : “ Pour un combat de la classe ouvrière, pour une politique de la classe ouvrière ”. Une législation électorale restrictive les avait contraints à se présenter individuellement comme candidats “ hors parti ”, et les grands médias les avaient ignorés. Mais en tant que liste ouvrière, ils avaient eu une certaine audience parmi les travailleurs.
Sur la base des résultats de 2014, les cinq candidats, en travaillant avec d’autres, ont constitué un comité d’organisation pour présenter un parti de la classe ouvrière aux élections cette année. Des dizaines de personnes sont allées à travers l’État pour recueillir des signatures [comme la loi les y oblige]. 50 000 personnes ont signé leur pétition, montrant que des gens sont d’accord : la classe ouvrière a besoin de son propre parti.
Il est vrai qu’une élection n’a jamais changé la situation pour les travailleurs. Ce sont leurs luttes qui ont fait pencher la balance, à chaque fois. Et un parti ne peut se construire seulement parce que des noms figurent sur le bulletin de vote. Mais le fait que le Parti de la classe ouvrière soit parvenu à être sur le bulletin est une sorte de victoire. (…)
Un vote pour ce Parti peut montrer que des milliers de gens en ont assez des démocrates et des républicains, des milliers qui sont convaincus que la classe ouvrière doit parler en son nom. »