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Belgique : austérité et flexibilité
En convoquant les députés du Parlement fédéral un dimanche matin, le 16 octobre, le Premier ministre Charles Michel (libéral) voulait marquer les esprits. Au paquet de nouvelles mesures d’austérité s’ajoutait en effet l’annonce d’un projet de loi de flexibilisation du travail par le biais, comme en France, de l’annualisation du temps de travail.
La durée hebdomadaire de 38 heures ne sera plus qu’une moyenne annuelle, les employeurs pourront être libres d’imposer des journées de 9 heures et des semaines de 45 heures sans que cela donne lieu à des majorations de salaire. Le projet de loi prévoit même que, par accord sectoriel, ces limites pourront être relevées à 11 heures par jour et 50 heures hebdomadaires. Un maxima de 100 heures supplémentaires pourra encore être obtenu, moyennant l’accord du salarié.
Le gouvernement fédéral officialise l’abandon de la limite des 8 heures de travail et le retour de l’arbitraire patronal en matière de durée du travail que des centaines de milliers de travailleurs subissent déjà depuis longtemps, y compris avec l’aval syndical.
À cela s’ajoute un durcissement de la loi sur la compétitivité, qui fournit des arguments légaux aux patrons pour limiter les augmentations de salaire ; une attaque sur les régimes de retraite des conducteurs des trains et des militaires, tandis que tous ceux qui connaîtront des périodes de chômage perdront davantage sur leur retraite ; une non-indexation partielle des honoraires des prestataires de soins ; et d’autres mesures du même genre, pour un total de 3 milliards d’euros.
902 millions d’économies nouvelles seront cherchées dans les soins de santé, par des fermetures de lits dans les hôpitaux, la diminution du recours à l’imagerie médicale ou aux analyses des laboratoires, la baisse du remboursement des antibiotiques… Un aspect particulièrement odieux de ces mesures concerne la remise au travail de malades de longue durée, via un régime de pressions graduées qui vont de questionnaires obligatoires pour évaluer « les chances de retour au travail » jusqu’à la baisse de leurs indemnités maladie.
Les ministres décident, mais il n’est pas dit que les travailleurs acceptent.