Sanofi-Pasteur : fausse démocratie, vrai chantage05/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2514.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sanofi-Pasteur : fausse démocratie, vrai chantage

Sanofi, principal groupe pharmaceutique français, est connu pour les 7,5 milliards de profits qu’il a réalisés en 2015, en touchant au passage plus de 150 millions d’aides publiques.

Sanofi-Pasteur, la branche vaccins du groupe, est l’une des plus profitables. Cela n’empêche pourtant pas la direction de prévoir un plan de compétitivité, dit plan Agilité, qui consiste à supprimer sans contrepartie de nombreux jours de congés. Après avoir organisé un référendum sur le plan, plusieurs syndicats s’apprêtent à signer l’accord.

Ce plan prévoit la suppression de plusieurs jours de RTT pour tous, et environ 200 heures de travail supplémentaires par an pour les travailleurs postés, avec des journées allongées et des temps de pause supprimés. Donc, pas de fioriture : des profits supplémentaires directement pris dans la poche des salariés.

Ceux-ci avaient commencé à y répondre ces derniers mois, avec des débrayages de plusieurs centaines de salariés, ce qui ne s’était pas vu depuis des années. Mais en septembre, trois syndicats (CFTC, CFDT, CFE-CGC), majoritaires dans la branche vaccins, ont refusé de poursuivre cette mobilisation. Sans affirmer leur opposition à ce plan, ils ont organisé une consultation des salariés. Ils n’ont pas attendu la promulgation de la loi travail, qui va généraliser ce type de référendums !

En tout cas, le terrain était bien favorable à la direction, qui menait depuis plusieurs semaines une intense propagande pour expliquer qu’en cas de refus de l’accord elle reviendrait à l’accord de branche, encore plus défavorable aux travailleurs. Comme chez Smart il y a un an, la « démocratie » de Sanofi consiste donc à obliger à choisir, un revolver sur la tempe, entre deux reculs. Dans ce climat de peur, le oui a été majoritaire, et certains syndicats organisateurs du vote vont ainsi justifier leur signature d’un accord honteux en reportant leur responsabilité sur les salariés.

Mais près de la moitié des travailleurs postés – minoritaires sur les deux sites où il y a de la production, à Marcy-L’Étoile, dans le Rhône, et à Val-de-Reuil, dans l’Eure, et pourtant les plus touchés par le plan – ont résisté au chantage. Des travailleurs sont donc décidés à refuser le plan. En revenant sur le terrain de la lutte initié par les débrayages, ils peuvent se renforcer et gagner à eux d’autres salariés en posant la vraie alternative : qui doit payer, les actionnaires ou les salariés ?

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