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Leur société
Enseignement : « Touche pas à ma ZEP »
Jeudi 29 septembre, des enseignants de plus de trente lycées de la région parisienne ont fait grève contre la disparition programmée des réseaux d’éducation prioritaire (REP) pour les lycées.
Les conséquences de cette mesure seraient très claires pour les lycées concernés : baisse des moyens et hausse des effectifs par classe et, pour les enseignants, fin des bonifications pour les mutations et des primes liées au statut REP de l’établissement. Parmi les lycées, se trouvaient des représentants d’établissements de communes populaires comme Nanterre, Colombes et Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, Corbeil-Essonnes et Melun-Sénart dans l’Essonne, Argenteuil, Goussainville et Garges-lès-Gonesse dans le Val-d’Oise, ou encore Stains en Seine-Saint-Denis.
Alors que la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, chargée de faire la promotion du futur candidat Hollande, vante partout la priorité accordée par son gouvernement à l’éducation, derrière le décor elle s’apprête à retirer des moyens, en matière d’horaires, d’effectifs dans les classes, aux lycées des communes les plus pauvres, celles qui concentrent toutes les difficultés sociales. En effet, ces lycées ont tous vu leur label d’éducation prioritaire menacé.
Les enseignants du lycée Joliot-Curie de Nanterre avaient fait une semaine de grève dès le début de l’année scolaire. Le succès de la journée du 29 septembre a montré qu’ils ont rencontré un écho dans de nombreux établissements, qui se sont organisés dans un collectif « Touche pas à ma ZEP ».
Ce jeudi 29 avait commencé par une interpellation de la ministre à la sortie d’une émission qu’elle venait d’enregistrer. Devant la délégation des professeurs de Joliot-Curie de Nanterre, la ministre n’a su que bafouiller qu’elle « avait entendu parler de ça, qu’elle ne comprenait pas ».
Par la suite, une trentaine de professeurs de trois lycées de l’éducation prioritaire ont intercepté le directeur académique des Hauts-de-Seine, alors que celui-ci participait à un colloque intitulé : « L’éducation, notre priorité ». Ce personnage a bien dû accepter de s’expliquer devant tout le monde. Mais cela n’a été que pour énoncer de vagues assurances concernant la prime des enseignants, qui serait maintenue pour un temps, mais il a plutôt renforcé toutes les appréhensions, parlant avec désinvolture du nombre d’élèves par classe, qui pourrait augmenter, et allant jusqu’à déclarer que certains lycées étaient à ses yeux « surdotés » en heures d’enseignement !
L’après-midi, les enseignants mobilisés se sont encore rassemblés devant le ministère, avec des pancartes dénonçant la politique gouvernementale : « Moyens supprimés = élèves pénalisés », « Fin d’éducation prioritaire = lycées en misère ». La ministre de l’Éducation nationale a répété, à plusieurs reprises, que la politique d’éducation prioritaire devait se concentrer sur un plus petit nombre de collèges et d’écoles, excluant les lycées, qui accueillent pourtant exactement les mêmes élèves quelques années plus tard.
Les inégalités sociales progressent et la situation dans les écoles n’en est que le reflet. Le chômage et la pauvreté se sont aggravés durant toutes ces années, contribuant comme chacun sait aux difficultés scolaires. Les enfants des quartiers difficiles doivent avoir droit à un enseignement de qualité au même titre que les autres.