- Accueil
- Lutte ouvrière n°2513
- Migrants : Wauquiez double Le Pen sur sa droite
Leur société
Migrants : Wauquiez double Le Pen sur sa droite
Le projet gouvernemental pour « relocaliser » les migrants de Calais dans divers centres d’accueil du pays donne lieu à une lamentable surenchère. Laurent Wauquiez, nouveau président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et principal lieutenant de Sarkozy, a saisi l’occasion pour faire parler de lui et a pris la tête de la fronde pour tenter de doubler le Front national sur sa droite.
« On ne se laissera pas faire », a-t-il osé dire, en déclarant qu’il refusait d’accueillir les migrants prévus pour sa région. Pensez donc : 1 784 personnes pour 7,7 millions d’habitants, soit 0,02 % ! Il a lancé une pétition pour « refuser la multiplication des petits Calais partout » et annoncé que le conseil régional soutiendra tous les maires qui refusent d’appliquer le plan gouvernemental « en explorant tous les moyens ».
Brandir la menace que se créent des « jungles » partout dans le pays est une bêtise calculée. Wauquiez sait parfaitement que les migrants affluent vers Calais dans le but de passer en Grande-Bretagne. S’ils sont coincés dans ce bidonville, c’est parce que les gouvernements français et britannique les bloquent, et ils n’ont aucune intention de s’installer dans le Cantal ou en Ardèche.
Wauquiez attise volontairement les peurs et les fantasmes parmi une fraction de la population. Il apporte sa caution aux plus racistes. En réclamant la « concertation des élus », il encourage la mobilisation des plus réactionnaires et met les maires sous pression.
C’est ce qui s’est produit à Allex dans la Drôme. À l’appel du Front national départemental, très visible dans la mobilisation, une partie des habitants de ce village, dans lequel le préfet prévoit d’installer moins de 50 réfugiés, est vent debout contre cet accueil. Même si d’autres habitants considèrent, eux, qu’il s’agit d’une solidarité élémentaire après les drames vécus par ces migrants, les opposants ont obtenu du maire la tenue d’un référendum, prévu le 2 octobre.
À l’arrivée d’un premier groupe de migrants, certains sont venus les invectiver devant micros et caméras, encouragés par les prises de position de Wauquiez ou celles de Labaume, président LR du conseil départemental.
Tentant de rattraper leurs électeurs qui fuient vers le Front national et tout à leurs rivalités pour la présidentielle, Wauquiez, Sarkozy et leurs concurrents ne se contentent pas de récolter les voix xénophobes, ils les font progresser. Avec la légitimité et la visibilité qu’offrent leurs fonctions, ils banalisent le racisme grossier et préparent le terrain à des actes pires encore. Le Pen n’a pas besoin de faire campagne : avec Wauquiez ou Sarkozy, le programme du Front national s’étale partout.