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Leur société
Harkis : reconnaissance hypocrite et franche démagogie
Le 25 septembre, Hollande a reconnu « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France ». À ses côtés, aux Invalides, on pouvait voir Sarkozy et Le Pen. Et tous les candidats à la primaire de la droite y sont allés de leur couplet solennel en l’honneur de ces Algériens qui avaient « servi la France ».
La communauté harkie, ce sont quelques survivants, mais surtout les enfants et petits-enfants des Algériens qui avaient été enrôlés dans les rangs de l’armée française pendant la guerre d’Algérie et que le gouvernement français a abandonnés à leur sort après l’indépendance en 1962. Considérés comme des traîtres par le nouvel État algérien, plusieurs dizaines de milliers d’entre eux ont été tués par vengeance. Près de 60 000 d’entre eux ont malgré tout réussi à embarquer sur les bateaux pour la France aux côtés des pieds-noirs. Mais, à leur arrivée, les harkis ont été parqués dans des camps, dont celui de Rivesaltes où avaient été jetés auparavant des réfugiés espagnols fuyant le franquisme puis des victimes du régime de Vichy. Ils ont croupi dans ces camps pendant dix ou vingt ans avant d’être placés dans des cités HLM et abandonnés à leur misère, la France manifestant ainsi son mépris pour ces Algériens dont elle s’était servie pour mener sa dernière guerre coloniale.
Hollande avait promis aux harkis la reconnaissance qu’il vient seulement de leur accorder du bout des lèvres, 54 ans après l’indépendance algérienne et seulement à la veille de la prochaine élection, mais sans rien offrir concrètement pour améliorer la situation de familles toujours pauvres pour la plupart.
Ce n’est évidemment pas son problème, il s’agit seulement de couper l’herbe sous le pied à la droite pour lui disputer un électorat. Au-delà des harkis eux-mêmes, c’est surtout le milieu des quelque trois millions de pieds-noirs et leurs descendants qui fait se bousculer tous les politiciens. Depuis leur exil, les pieds-noirs ont en effet toujours été courtisés, en premier lieu par l’extrême droite, qui clamait que la France les avait trahis en renonçant à l’Algérie française, par la droite dans son ensemble et enfin par une partie de la gauche.
Les harkis n’ont vraiment rien à espérer de cet État français qui a utilisé leurs parents pour mener pendant huit ans une sale guerre en Algérie, ne défendant hier comme aujourd’hui que les intérêts de la bourgeoisie.