Le gouvernement envisage de nouveau de supprimer l’envoi aux électeurs du matériel électoral (professions de foi et bulletins de vote) dès les élections présidentielles et législatives de 2017, et de remplacer cet envoi par une diffusion sur Internet. Les arguments avancés dans un rapport opportunément commandé par l’État ne manquent pas de sel.

Premier argument : cela permettrait 150 millions d’euros d’économies pour ces deux élections ; le gouvernement a accordé, avec le pacte de responsabilité, 41 milliards au patronat, soit 273 fois plus.

Deuxième argument : « Beaucoup d’électeurs ne reçoivent pas la propagande, ou trop tard » ; on se demande à qui la faute…

Troisième argument (sans rire) : « l’environnement », les envois papier des scrutins de 2012 représentant l’équivalent de 105 hectares de forêt : rappelons que ce matériel électoral doit être 100 % recyclé, et qu’aucun arbre n’est donc abattu.

Le gouvernement propose de mettre en ligne le matériel électoral. Environ 18 % des Français n’ont pas accès à Internet chez eux, soit quelque 8 millions d’électeurs, en général les plus pauvres.

En outre, dans un système où les grands partis accaparent l’essentiel des émissions dans les grands médias, mettre fin à l’envoi aux électeurs du matériel électoral – qui est pourtant, sauf pour la présidentielle, payé par les candidats – revient à réduire encore l’expression politique des petits partis. La droite en avait seulement rêvé ; la gauche veut le faire !