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Gasoil toxique en Afrique : des profits qui sentent le soufre
D’après une enquête publiée le 15 septembre par l’ONG Public Eye, de grands groupes capitalistes suisses, dont Trafigura et Vitol, inondent depuis des années l’Afrique de l’Ouest avec des carburants toxiques ; principalement du gasoil dont la teneur en soufre peut atteindre un niveau mille fois plus élevé qu’en Europe.
Selon l’ONG, ces carburants mettent gravement en péril la santé de millions de personnes, multipliant les risques de cancers et de maladies cardio-vasculaires. Ils contribuent à l’explosion de la pollution de l’air dans les capitales africaines. Par exemple, à Lagos au Nigeria, le taux de pollution est aujourd’hui treize fois supérieur à celui de Londres, alors que beaucoup moins de voitures y circulent.
Ces multinationales ne font pas que vendre des produits hautement toxiques, elles les fabriquent elles-mêmes dans leurs raffineries situées aux Pays-Bas et en Belgique ou sur leurs bateaux au large des côtes africaines. Elles mélangent des produits pétroliers intermédiaires avec des déchets de carburants à haute teneur en soufre, benzène et autres produits toxiques qu’elles achètent à très bas prix. Le gasoil ainsi fabriqué est destiné uniquement au marché africain. C’est d’autant plus révoltant que les pays africains produisent un pétrole brut de très bonne qualité, renfermant très peu de soufre, dont la quasi-totalité part en Europe ou aux États-Unis car il n’y a presque pas de raffineries en Afrique de l’Ouest.
Ces pratiques permettent à ces grands groupes capitalistes de maximiser leurs profits. Dans un courriel interne, un cadre de Trafigura écrivait en 2006 : « Impossible d’imaginer moins cher. [… On] devrait faire un paquet de dollars. » Et de tabler sur un profit de 6,2 millions d’euros par cargo. Le groupe Vitol a réalisé un chiffre d’affaires de 168 milliards de dollars en 2015, soit plus de douze fois le produit intérieur brut du Mali.
Quant à Trafigura, elle n’en est pas à sa première malversation. Elle est tristement connue pour avoir empoisonné en 2006 tout un quartier d’Abidjan en Côte d’Ivoire en déversant des résidus chimiques toxiques venus d’Europe, tuant dix-sept personnes et provoquant des centaines d’intoxications.
Pillage des matières premières, pollutions mortelles, les populations d’Afrique payent un lourd tribut à la domination impérialiste.