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Leur société
Alstom : le leurre de la nationalisation
À l’annonce de la fermeture de l’usine ferroviaire d’Alstom Belfort, nombre de politiciens se sont succédé pour réclamer sa nationalisation, de Jean-Luc Mélenchon à Le Pen. « Dans l’urgence et pour l’avenir, la nationalisation d’Alstom Transport est indispensable. Je la réclame depuis 2014 et le sabordage de la branche énergie », déclarait Mélenchon dans une tribune du journal Le Monde daté du 15 septembre. Du côté du Front national, un communiqué publié le 12 septembre affirmait qu’une « nationalisation via la Caisse des dépôts et consignation aurait permis d’éviter cette catastrophe. »
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, s’est dit favorable à une « renationalisation provisoire de l’entreprise et à une prise de participation de l’État plus importante pour sauver Alstom Belfort ».
Mais dans la bouche de tous ces politiciens, « nationaliser » signifie racheter avec l’argent de l’État les actions de l’entreprise ou de la banque qu’il faut prétendument « sauver », c’est-à-dire subventionner le patron licencieur. Et sans que les travailleurs n’aient aucune garantie de maintien de leur emploi.
Dans le passé, la nationalisation de la sidérurgie entamée sous un gouvernement de droite, puis achevée en 1982 sous le gouvernement de gauche de Mauroy, le Premier ministre de Mitterrand, permit surtout aux capitalistes de ce secteur, comme la famille de Wendel, de récupérer des milliards de l’État. Ils purent recycler cet argent pour fonder un groupe financier toujours prospère. Ce furent bien les profits des capitalistes du secteur qui furent sauvés, et pas les travailleurs, qui furent licenciés par dizaines de milliers. Dans la sidérurgie, 12 000 emplois furent supprimés en juin 1982, puis de nouveau 21 000 en mars 1984 et de nombreux sites fermèrent. Une fois redevenue rentable, la sidérurgie fut privatisée, en 1995, sous le gouvernement Juppé.
Il en fut de même avec les nationalisations de nombreux grands groupes industriels et financiers opérées par Mauroy en 1982 : Péchiney-Ugine-Kuhlman, Saint-Gobain, la CGE (devenue Alcatel Alsthom), Rhône-Poulenc, Paribas, Suez et 39 autres banques. Les entreprises nationalisées rachetées à bon prix fournirent de l’argent frais à leurs anciens propriétaires, qui purent réinjecter ces capitaux dans des opérations promettant de rapporter plus de profit, plus vite.
Voilà en quoi consistent les nationalisations dont parlent les Mélenchon et autres politiciens en campagne électorale : une façon d’aider les capitalistes sans garantir l’emploi des travailleurs, en un mot un leurre.