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Dans les entreprises
Nexeya Systems – Toulouse, Bordeaux : débrayages contre l’avidité patronale
Lundi 29 août, près d’une centaine de salariés des sites Nexeya de Toulouse et de Mérignac près de Bordeaux ont débrayé pendant deux heures pour protester contre un nouveau gel de leurs salaires et contre les conditions d’un « plan de départs volontaires » supprimant 70 emplois, des mesures annoncées en plein milieu de l’été.
Nexeya est une société d’ingénierie d’environ 1 000 salariés, spécialisée dans la sous-traitance électronique et informatique pour des groupes tels que Thales, Airbus, DCNS… et dont les principaux sites de production sont à Toulouse, Angoulême et Massy, avec des agences un peu partout dans le pays. Depuis 2013, les dirigeants de l’entreprise se sont associés à un fonds d’investissement pour réaliser un LBO (leveraged buy-out), une opération financière qui consiste à prendre le contrôle de l’entreprise au travers d’emprunts remboursés par les bénéfices générés par le travail des salariés. Dans ce genre d’opération, les « investisseurs » réalisent en quelques années d’impressionnants bénéfices une fois les emprunts remboursés en revendant l’entreprise, en entier ou à la découpe.
Depuis 2013, pour garantir le flux d’argent nécessaire à rembourser la dette contractée par les actionnaires, les salaires sont régulièrement bloqués, les augmentations repoussées. Alors que l’entreprise n’a jamais cessé de faire des bénéfices par millions, un tiers des salariés ont perdu un intéressement et une participation qui représentaient un treizième voire un quatorzième mois de salaire. La direction a ainsi récupéré des millions d’euros directement dans la poche des salariés.
En juin dernier, la direction annonçait que les mois qui venaient allaient être difficiles avec trop peu de commandes et de travail, mais que cela ne serait que passager. Un mois plus tard, fin juillet, tout en annonçant 8,9 millions d’euros de bénéfices pour l’année passée, les problèmes de baisse d’activité étaient devenus tout d’un coup insurmontables et nécessitaient de nouveau de bloquer les salaires et de supprimer 70 emplois au travers de départs « volontaires », des ruptures conventionnelles, avec des conditions proches des minima conventionnels. En fait, en supprimant 70 emplois, la direction compte récupérer 3 millions d’euros sur la masse salariale, 3 millions destinés à satisfaire, activité ou pas, les banques et les actionnaires.
Les salariés de Nexeya ne sont plus dupes depuis longtemps des discours des dirigeants de l’entreprise. Avec près de 9 millions d’euros de bénéfices, 4,5 millions pour la partie France du groupe, sans compter tout ce qui a été accumulés, il y a vraiment de quoi augmenter les salaires de tous et payer des primes de départ dignes de ce nom pour ceux qui voudraient partir. C’est ce que les travailleurs ont dit, en direct, à l’un des directeurs lors du débrayage, en se promettant de se remobiliser au plus tôt, plus nombreux et sur tous les sites.