Croisière en Arctique : dans les eaux glacées du calcul égoïste31/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2509.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Croisière en Arctique : dans les eaux glacées du calcul égoïste

Le 16 août le paquebot Crystal Serenity a quitté Anchorage, sur la côte de l’Alaska, pour New York. Il sera le premier navire de cette taille, 250 mètres, à effectuer la traversée par le passage du Nord-Ouest, entre le nord du continent américain et la banquise. En effet ce passage n’existe que depuis 2007, durant les quelques semaines d’été pendant lesquelles dorénavant la banquise fond. Le Crystal Serenity n’a d’ailleurs appareillé qu’après que l’existence du passage a été garantie par les satellites.

Mille passagers assez riches pour débourser un minimum de 17 000 dollars pourront ainsi aller observer les effets du réchauffement climatique et admirer de près, voire de trop près, les glaces dérivantes. Le paquebot est donc accompagné d’un brise-glaces, à toutes fins utiles.

Les grandes compagnies maritimes sont très intéressées par cette croisière et ce qu’elle révélera sur ce passage, recherché en vain par les explorateurs trois siècles durant. Cette route raccourcirait notablement le voyage entre les côtes ouest et est des États-Unis. N’ayant pas trouvé de passage, les grands États impérialistes firent percer le canal de Panama, ouvert en 1914. Si, grâce au réchauffement climatique, le passage du Nord-Ouest s’ouvrait, s’ouvriraient aussi de nouvelles sources de profit.

Ce passage est-il praticable par les gros navires, avec quels risques, pendant combien de temps ? Quels dangers, pour l’armateur s’entend, présenterait la navigation loin de tout port, mais proche des glaces ? Le paquebot, son équipage et ses passagers serviront de cobayes.

Derrière les explorateurs, même en voyage organisé, arrivent toujours les commerçants.

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