RATP : une ouverture à la concurrence qui ne peut rien apporter de bon10/08/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/08/P10_Bus-A-CrLO.JPG.420x236_q85_box-0%2C150%2C1600%2C1050_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP : une ouverture à la concurrence qui ne peut rien apporter de bon

La RATP a distribué à l’ensemble de ses 45 000 agents un « carnet de route » dans lequel elle entend préparer les esprits aux « nouveaux défis » engendrés par l’ouverture à la concurrence de son réseau historique, annoncée pour les prochaines années.

Illustration - une ouverture à la concurrence qui ne peut rien apporter de bon

Premier employeur d’Île-de-France, la Régie autonome des transports parisiens gère 351 lignes d’autobus, la totalité des lignes de métro et de tramway ainsi que le RER A et la partie sud du RER B. Cette situation de quasi-monopole, qui remonte à la création de la Régie en 1949, est amenée à disparaître dans les prochaines années.

Le réseau de bus, dont l’ouverture à la concurrence est programmée pour 2024, est le premier concerné. Ce serait ensuite au tour du tramway en 2029, puis du métro et RER en 2039.

La RATP présente ce changement comme une décision imposée par Bruxelles. Comme si les directives de Bruxelles n’étaient pas l’expression des intérêts du grand patronat, notamment français ! L’argument pour justifier la mise en concurrence est la nécessaire modernisation des transports. Il est vrai que le réseau est saturé. La fréquentation du métro a augmenté de près de 50 % ces vingt dernières années. Les rames bondées font partie du quotidien des usagers, y compris le week-end ou tard le soir. Mais ce qui pose problème n’est pas la situation de monopole de la RATP, c’est l’absence de volonté politique d’adapter l’offre de transport aux besoins de la population.

Plutôt que de faire les investissements nécessaires, l’État, actionnaire à 100 % de la RATP, s’emploie à rendre le réseau attractif pour les capitaux privés. Derrière les mots ronflants de « recherche d’excellence », et bien sûr, de « compétitivité », une attaque en règle contre les conditions de travail est mise en œuvre depuis des années. Les salaires sont bloqués, les effectifs sont de plus en plus réduits. Aux bus qui regroupent près de 15 000 agents, ce sont 250 postes de régulateurs de ligne, soit près de la moitié, qui ont disparu en quelques années. La régularité des bus s’est dégradée. Pour les usagers, ce sont des attentes plus longues aux arrêts, avec des bus qui se suivent et des trous atteignant 20 à 30 minutes dans la fréquence de passage. La Régie a tenté à plusieurs reprises de faire travailler les machinistes au-delà des 7 h 30 en vigueur actuellement. Leurs mobilisations ont pour l’instant réussi à l’en empêcher.

Malgré un trafic croissant, le métro suit la même évolution. Les effectifs sont sans cesse revus à la baisse. Pour couvrir l’ensemble des services, la direction entend modifier les règles d’utilisation des conducteurs. Un conducteur de réserve, amené à conduire sur une autre ligne que la sienne, ne verrait plus le temps de trajet supplémentaire inclus dans son temps de travail et devrait faire le service dans sa totalité.

Autant dire que la brochure de la RATP, invitant les agents à « relever le défi » de la concurrence, n’a pas eu beaucoup de succès, comme en témoigne le nombre de « carnets de route » partis tout droit à la poubelle. S’il y a un défi à relever, c’est de stopper cette politique qui est une catastrophe pour les conditions de travail des agents et pour la population.

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