Après le Brexit : menaces sur l’économie en crise12/07/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/07/2502.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Après le Brexit : menaces sur l’économie en crise

Le vote en faveur du Brexit continue de provoquer soubresauts et incertitudes dans l’économie. Après la chute de la livre sterling au lendemain du résultat, près de la moitié des fonds immobiliers britanniques ont annoncé la suspension de leurs transactions. Assaillis de demandes de retrait de la part de ceux qui ont placé leur argent dans ces fonds, leurs dirigeants ont gelé les cotations pour éviter un effet de panique, voire un krach.

Le Brexit est arrivé dans une économie en crise, dans laquelle des milliers de milliards d’euros, de dollars ou d’autre monnaie cherchent des placements lucratifs, sans risque, et qui peuvent être déplacés à n’importe quel moment d’un fonds à un autre. Depuis la crise de 2007-2008, toutes les banques centrales émettent de la monnaie en prêtant à des taux de plus en plus bas, aujourd’hui quasiment à zéro, et en rachetant de multiples titres bancaires ou boursiers. Elles inondent ainsi le marché de liquidités. Refusant d’investir dans la production, les détenteurs de capitaux achètent des obligations émises par les États considérés comme sûrs ou spéculent sur divers marchés, comme celui de l’immobilier.

Jusqu’au vote du Brexit, l’achat de bureaux ou de logements à Londres, première place financière mondiale, était considéré comme un placement sûr, qui justifiait de payer toujours plus cher. Depuis 2008, les prix de l’immobilier londonien ont augmenté de 10 % par an. Cette flambée des prix a alimenté à son tour la bulle spéculative, puisque de nombreux propriétaires pouvaient réaliser de nouveaux emprunts en gageant leur appartement. En introduisant une incertitude sur l’avenir de la City, avec un risque de délocalisation vers d’autres places, le Brexit est en passe de crever la bulle : les détenteurs de capitaux réalisent que l’immobilier est surévalué et cherchent à se débarrasser de leurs avoirs.

Au-delà de la menace de krach dans l’immobilier, « le Brexit est une décision sans précédent, une entrée en territoire inconnu », comme l’a formulé cette semaine l’Autorité des marchés financiers (AMF), organisme de régulation de la Bourse en France. Même si les grands groupes européens feront en sorte de conserver tous les avantages du marché commun pour leurs affaires, le Brexit ouvre une période d’incertitudes : incertitude politique en Grande-Bretagne, incertitude sur les relations futures entre la place financière de Londres et celles du continent et les multiples règles qui régissent les transactions financières, incertitude enfin sur l’avenir de l’Union européenne.

Or les capitalistes, qui ne sont pas les entrepreneurs audacieux qu’ils prétendent être, détestent le risque et l’incertitude. C’est la raison pour laquelle ils en sont aujourd’hui à prêter aux États à des taux négatifs. Autrement dit, les banques, les assurances, les fonds financiers divers, sont prêts à perdre un peu d’argent pour mettre leurs capitaux à l’abri. D’après l’AMF, qui s’inquiète « de cet environnement de taux bas », près de 10 000 milliards de dollars ont été prêtés aux États ces derniers mois à des taux négatifs.

Même si tous les gouvernements imposent l’austérité à la population d’un bout de l’Europe à l’autre, sous prétexte qu’il faut rembourser la dette, les travailleurs n’ont pas à se réjouir de ces taux négatifs, dont ils ne profiteront pas. Pas plus qu’ils n’ont à se réjouir des déboires provoqués par le Brexit sur le fonctionnement de la finance européenne. La menace de krach dans l’immobilier britannique, comme les taux d’intérêt anormalement bas, sont des symptômes d’une économie capitaliste en crise. Ils annoncent de nouvelles récessions, avec leur cortège de faillites et de suppressions d’emplois. La seule issue pour les travailleurs n’est ni de sortir de l’Union européenne, ni de serrer les rangs derrière ceux qui la dirigent, c’est d’arracher le contrôle de l’économie aux capitalistes irresponsables qui l’emmènent vers le précipice.

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