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Dans le monde
Migrants : entre camps de fortune et évacuations
Camps de fortune évacués, migrants entassés dans des conditions indignes derrière des frontières fermées ou trouvant la mort en tentant de les franchir : les réfugiés parvenus à atteindre l’Europe paient cher la politique des gouvernements des pays riches.
À Paris, le camp de fortune installé devant la halle Pajol, dans le 18e arrondissement, a été évacué mercredi 29 juin par la police, presque un an jour pour jour après une autre évacuation, au même endroit. Le 6 juin dernier, un autre campement aux Jardins d’Eole, toujours dans le 18e arrondissement, avait également été évacué. Dans un cas comme dans l’autre, les réfugiés vivaient là dans des conditions déplorables, s’entassant dans des conditions sanitaires tellement précaires que des cas de tuberculose avaient été signalés par Médecins du monde.
La nouvelle de l’évacuation à venir avait fait doubler le nombre de migrants présents sur le site de la halle Pajol, dans l’espoir d’être dirigés eux aussi vers des abris plus corrects. Si les gymnases réquisitionnés et les centres d’hébergement provisoires leur permettent au moins d’être à l’abri de la pluie, ils sont loin d’être une solution satisfaisante. Les migrants qui se regroupent et se soutiennent se retrouvent dispersés et éloignés des centres-villes où ils peuvent effectuer des démarches administratives. L’absence de transports en commun, le manque d’argent pour se déplacer, font que les migrants n’ont souvent pas d’autre choix que de quitter ces hébergements pour revenir en centre-ville, où des campements de fortune indignes se recréent.
Quant au camp de migrants dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé la construction, il ne devrait pas voir le jour avant septembre, le gouvernement ayant déjà annoncé qu’il ne soutenait pas le projet, pas plus qu’il ne l’avait fait pour le camp de Grande-Synthe, dans le Nord, laissant la mairie et les associations humanitaires se débrouiller seules pour le construire et le mettre en route, et ne consentant que du bout des lèvres à en assurer le fonctionnement.
La politique du gouvernement consiste à laisser croupir les réfugiés dans des conditions indignes et à laisser les riverains des quartiers où se créent les bidonvilles se débrouiller de cette situation. Il espère ainsi décourager les dizaines de milliers de personnes prêtes à risquer leur vie pour fuir la guerre et la misère de leurs pays d’origine et essayer de survivre en France et en Europe. Par ailleurs, en barricadant les frontières, il suscite d’autres situations catastrophiques.
Ainsi, à Vintimille, à la frontière italo-française, des centaines de migrants ont manifesté et se sont heurtés à la police dimanche 3 juillet, réclamant de pouvoir passer en France. Avec le retour des beaux jours et la fermeture progressive de tous les passages terrestres en Europe de l’Est, les migrants ont en effet repris la dangereuse route maritime conduisant vers les côtes italiennes. Ceux qui ne perdent pas la vie dans les naufrages, qui se sont multipliés ces dernières semaines, cherchent ensuite à gagner le nord de l’Italie, pour passer en France ou en Autriche. Dans les deux cas, ils se retrouvent coincés à la frontière, où se créent des situations comparables à celle de Calais. À Vintimille, ville italienne de 55 000 habitants, s’entassent aujourd’hui près de 900 migrants, qui ne bénéficient d’aucune structure d’accueil et campent dans les rues et autour d’une église.
La fermeture des frontières, le refus de l’Europe de laisser les réfugiés circuler librement et s’installer sur l’ensemble du continent, vont de pair avec les conditions de vie indignes qui sont faites aux migrants.