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Leur société
Tours : les tableaux de l’exploitation
La ville de Tours vient de recevoir une donation de centaines de peintures, dessins, sculptures (dont des Delacroix, Degas, Toulouse-Lautrec, etc.) pour le musée des Beaux-Arts, dont le montant est estimé à 20 millions d’euros. Le donateur, Léon Cligman, un industriel de la confection retraité, y ajoute cinq millions pour l’extension des locaux destinés à recevoir le legs.
La presse locale ne tarit pas d’éloges pour le généreux couple de donateurs, qui permet que ne soit pas dispersée cette collection « acquise avec passion en plus d’un demi-siècle ».
Sans doute vaut-il mieux que ces œuvres d’art deviennent ainsi accessibles au public, plutôt que d’être réservées aux salons de riches bourgeois. Mais qu’en pensent les milliers d’ouvrières qui ont trimé toute leur vie pour des salaires de misère dans les ateliers de ce riche industriel ?
Qu’en pensent les mécaniciennes de la Manufacture tourangelle de confection (MTC) par exemple, qui fabriquaient à Tours pour Saint-Laurent des vêtements de luxe qu’elles auraient été bien en peine de s’offrir ? Qu’en pensent celles qui, au début des années 2000, furent purement et simplement jetées, après que ce qui restait de la MTC eut été racheté par un margoulin spécialisé dans la liquidation d’entreprises ?
Elles peuvent vérifier aujourd’hui ce que valait le baratin patronal sur les « difficultés de la confection » et sur l’insupportable concurrence des pays à bas coût : c’est sur leur travail que se sont accumulées toutes ces richesses.