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JO de Rio : faillite de l’État… et profits privés
Le 17 juin, le gouverneur de l’État de Rio a décrété l’état de calamité publique. À l’en croire, les difficultés financières menacent d’effondrement la santé, l’éducation, les transports, la sécurité et l’environnement de cet État de près de 20 millions d’habitants, qui accueille les Jeux olympiques le 5 août prochain. Le trou dans les caisses serait de 5 milliards de dollars.
Déjà, les salaires et retraites des fonctionnaires de l’État ont été payés avec retard en avril et en mai. Deux hôpitaux importants ont été transférés de l’État à la ville de Rio. Dans l’enseignement, on ne compte plus les grèves d’enseignants et d’élèves. Quant aux travaux de la nouvelle ligne de métro, qui dessert la zone olympique, il n’est pas certain qu’ils soient achevés le 5 août.
En décrétant l’état de calamité publique, le gouverneur lance un appel pour que l’État central accorde des crédits et repousse le remboursement des emprunts qu’on lui doit. Le gouvernement a accordé près d’un milliard de dollars, mais il hésite visiblement à rééchelonner les emprunts ou à en autoriser de nouveaux. De nombreux États de la fédération brésilienne sont déjà surendettés et demandent eux aussi de pouvoir rééchelonner ou augmenter leur dette. Le permettre à Rio créerait un précédent dangereux. En même temps, des difficultés pour les JO affecteraient l’image du pays.
Mais les JO ne sont pas seulement une question d’image. Il s’agit de milliards pour nombre de capitalistes, et pas seulement brésiliens. En plus des marques d’équipements sportifs et de la publicité, il y a le tourisme, en tout temps important à Rio. Grands hôtels, restaurants, centres de loisirs et compagnies aériennes comptent bien faire le plein de clients et de profits à l’occasion des Jeux.
Les installations olympiques elles-mêmes, stades et logements des athlètes et accompagnateurs, ne sont pas menacées par la faillite de l’État. Elles font l’objet de partenariats public-privé, très lucratifs pour le privé, et l’argent y afflue. Non seulement elles rapportent depuis des années de l’or aux géants du BPT, mais elles font partie d’une spéculation à grande échelle et à long terme. La zone des Jeux, située dans la zone sud de la ville, non loin des plages sur l’Atlantique et des derniers quartiers à la mode, devrait en effet constituer un nouveau centre-ville, un quartier d’affaires tout neuf relié au centre historique par le métro.
Pour les classes populaires en revanche, les Jeux sont depuis longtemps une source d’ennuis. Des quartiers populaires ont été expropriés manu militari pour construire hôtels, voies rapides et parkings. La spéculation immobilière a renchéri loyers et denrées de première nécessité. La santé et l’éducation sont menacées pour les plus modestes, pas pour les riches. Et ce sont les classes populaires qui dans les années à venir paieront les emprunts et les déficits publics provoqués par les Jeux.
Ceux qui manifestent sous les banderoles « Olympiades, pour qui ? » mettent le doigt sur le vrai problème.