L’organisation Médecins sans frontières a annoncé qu’elle ne voulait plus recevoir d’argent européen, « refusant désormais d’être financée par des institutions et des gouvernements dont les politiques font souffrir les gens ». De manière spectaculaire, elle renonce ainsi à un financement de plus de 60 millions d’euros par an.

MSF rappelle que les migrants accueillis par l’Europe en 2015 ne forment que 0,2 % de sa population. Elle dénonce en particulier l’accord passé avec la Turquie, qui aboutit à bloquer sur les îles grecques plus de 8 000 personnes, dont des centaines de mineurs non accompagnés, dans des conditions encore plus catastrophiques que précédemment. « Trois mois après cet accord, que les gouvernements européens revendiquent comme un succès, les gens qui ont besoin de protection sont les grands laissés-pour-compte. »

Ces réfugiés, qui fuient les guerres de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, sont menacés d’un retour forcé vers la Turquie. Même les demandeurs d’asile sont privés de liberté, en violation du droit international. Et des accords du même type sont envisagés avec seize autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

MSF continuera à exercer ses missions humanitaires en s’appuyant sur les dons reçus des particuliers. Il faut signaler aussi que, depuis des années déjà, l’organisation refuse l’argent de l’État français, pour ne pas dépendre d’un pays qui multiplie les interventions militaires et politiques dans les pays d’Afrique ou du Proche-Orient où exerce MSF.