LU – Cestas : les travailleurs ont relevé la tête15/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2498.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LU – Cestas : les travailleurs ont relevé la tête

Depuis le 9 mars, plusieurs dizaines de travailleurs de l’usine LU de Cestas, près de Bordeaux, débrayent régulièrement, profitant du mouvement contre la loi travail pour exprimer leur colère face aux conditions de travail sans cesse plus dures.

L’usine LU de Cestas emploie 550 travailleurs, dont une centaine d’intérimaires. Le travail est organisé en 3x8 en semaine, et en 2x12 le week-end en fonction de la demande. C’est à Cestas que sont produits entre autres les biscuits Mikado, Pepito ou encore les Petits écoliers.

Depuis quelques années, les travailleurs du site voient leurs conditions de travail se dégrader, principalement du fait du non-remplacement de la totalité des départs en retraite. Qui plus est, pour améliorer la productivité de l’usine, la direction a développé le lean management, accroissant la charge de travail pour un salaire qui, lui, est bloqué.

Cela fait donc quelque temps que le mécontentement monte. La première journée de grève du 9 mars contre la loi El Khomri a permis aux travailleurs de l’exprimer pleinement. Ils ont été une centaine à débrayer à l’appel de la CGT. Le 31 mars, à l’appel de la CGT et de FO, ils ont été 200. Un tel succès a fait chaud au cœur de tout le monde et, depuis, les journées de grève sont massivement suivies, principalement par les ouvriers. À chaque journée d’action, 75 % des chaînes de production se retrouvent à l’arrêt au moins pendant une partie de la journée, et il n’est pas rare que les équipes du soir trouvent à l’embauche les machines arrêtées.

Cela a changé l’ambiance dans l’entreprise. Cela se ressent notamment dans l’attitude des cadres, qui ont dû prendre la mesure du mécontentement. Par exemple, au début, certains ont essayé de faire tourner des lignes de production en réorganisant des équipes avec les non-grévistes. Mais ce fut un fiasco, ceux-ci refusant de remplacer des grévistes et rejoignant le mouvement.

Ce climat a poussé la direction à convoquer les organisations syndicales pour trouver un arrangement afin de limiter les effets de la grève. Elle a aussi pris prétexte des journées de grève pour réquisitionner des volontaires pour travailler le lundi de Pentecôte et quatre samedis en juin. Selon elle, il faudrait rattraper le tonnage perdu. Mais personne n’est dupe. La direction n’a pas attendu le mouvement pour imposer des équipes supplémentaires le week-end, ou faire travailler des jours fériés. Ces attaques contre les conditions de vie des travailleurs tiennent avant tout de la volonté de générer toujours plus de profit.

Loin de décourager les travailleurs de l’usine, les pressions exercées par la direction ont encouragé les grévistes, et la CGT a appelé à la grève illimitée, ce qui se traduit par des débrayages, réguliers ou improvisés, et une désorganisation encore plus grande, exprimant une protestation générale contre les bas salaires, les cadences et la dureté du travail.

Ce mouvement qui perdure a redonné le moral à tous. Les travailleurs pourraient bien reprendre à leur compte le slogan de LU : « Ouvrons le champ des possibles... »

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