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SNCF : la grève continue !
Les cheminots, mobilisés depuis trois mois, refusent la loi travail comme ils s’opposent au plan de dérèglementation dans la branche ferroviaire. Entamée à l’échelle du pays le 1er juin, la grève reconductible lancée à la SNCF par les syndicats CGT, Sud-Rail et FO tenait bon au bout d’une semaine.
Les mensonges véhiculés par les médias prétendant qu’il y avait peu de grévistes sont contredits par la réalité. De nombreux trains, grandes lignes comme TER, sont supprimés, alors que la direction mobilise l’encadrement pour les faire rouler. La grève est largement majoritaire dans certains établissements, et notamment chez les conducteurs.
Une grève active
Même si elle est minoritaire dans d’autres secteurs, partout les grévistes se retrouvent chaque jour en assemblée pour discuter et voter la reconduction. Des assemblées interservices et intersecteurs ont souvent lieu, comme dans les gares parisiennes, qui peuvent regrouper entre 100 et 200 personnes. Elles servent de pôles de rassemblement, de lieux de discussion et d’organisation de la grève.
À plusieurs reprises, des manifestations communes ont été organisées, regroupant plusieurs centaines de cheminots, comme jeudi 3 juin à Montparnasse. Des prises de parole, des assemblées communes sont organisées avec des grévistes d’autres secteurs, du public comme du privé. Les distributions de tracts aux usagers des gares ont rencontré leur soutien, même s’ils ont à subir les désagréments de la grève.
Les manœuvres du gouvernement
Inquiet que le mouvement se maintienne à la SNCF, le gouvernement a débarqué Pepy, son PDG, de la négociation de l’accord d’entreprise et tente de convaincre les directions syndicales de lâcher la proie pour l’ombre.
Le gouvernement a publié en février un projet de décret-socle pour toutes les entreprises de la branche ferroviaire. Il constitue un recul considérable par rapport à la réglementation actuelle de la SNCF, qui compte 90 % des effectifs de la branche.
Alors que le décret-socle, connu en même temps que la loi travail, suscitait un rejet massif, les directions syndicales ont minimisé jusqu’à aujourd’hui son impact, basant leur calendrier de mobilisation sur la négociation, début juin, d’une convention collective nationale et d’un accord d’entreprise SNCF, supposés être supérieurs.
Sans surprise, l’UTP, représentant le patronat de la branche ferroviaire où la SNCF a voix prépondérante, a proposé un projet de convention collective très en recul sur la réglementation SNCF, disant en substance aux directions syndicales : si vous ne signez pas, c’est le décret-socle qui s’appliquera. Enfin, la SNCF elle-même a présenté un accord d’entreprise, avec le même chantage : si vous ne signez pas ou si vous dénoncez cet accord, la convention collective s’appliquera.
Inquiets mais déterminés
Les cheminots sont inquiets, car ils redoutent qu’avec l’arrivée de la concurrence ils soient amenés à changer d’entreprise au gré des appels d’offres. C’est la raison pour laquelle ils exigent que l’ensemble de la réglementation du travail de la branche ferroviaire, en particulier le décret-socle, soit au minimum au niveau de la réglementation SNCF actuelle.
Autre forte inquiétude des cheminots : la volonté de la direction de promouvoir des accords locaux dérogatoires, à la seule condition qu’ils soient signés par la « majorité en nombre des organisations signataires de l’accord d’entreprise ». Il suffira donc de la signature de la CFDT ou de l’UNSA, deux organisations qui sont contre la grève actuelle, pour déroger à l’accord d’entreprise. Il s’agit, ni plus ni moins, de l’application de la loi El Khomri à la SNCF.
C’est pourtant sur la base de « l’ensemble des éléments issus des différentes séquences de négociations » que la fédération CGT cheminots indiquait, dans un communiqué du 7 juin, qu’il « appartient aux cheminots réunis en assemblée générale de déterminer les suites qu’ils entendent donner au mouvement », sans appeler clairement dans ce texte à continuer ou à amplifier la grève.
Pour autant, dans les assemblées du 7 juin, de nombreux militants CGT comme SUD poussaient à continuer la grève, qui a été reconduite partout, avec comme objectifs les journées du 10 et du 14 juin contre la loi travail et contre la déréglementation du travail dans le ferroviaire.