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Centrafrique : l’armée française n’est pas partie
François Hollande a annoncé vendredi 13 mai à Bangui la fin prochaine de l’opération Sangaris en Centrafrique, commencée en décembre 2013. Mais cela ne veut pas dire la fin de la présence militaire française dans ce pays. Quelque 500 soldats français vont rester à Bangui.
Tout d’abord, 300 d’entre eux vont continuer à occuper l’aéroport de la capitale. Autant dire que l’armée française pourra multiplier ses effectifs en quelques heures. C’est très exactement ce qui s’était passé au début de l’opération, avant que les troupes arrivées par avion ne soient rejointes par des contingents venus du Tchad ou du Cameroun. Une centaine d’autres soldats formeront officiellement la nouvelle armée centrafricaine, et le reste pilotera les drones fournis au contingent de l’ONU, la Minusca. Mais, dans la réalité, les officiers français sont présents à tous les échelons des forces de l’ONU comme au sein de la nouvelle armée centrafricaine, ainsi que dans les services de renseignement. Ce maillage par des envoyés de Paris est tout aussi effectif dans les structures civiles du pays. Des conseillers et de prétendus experts sont présents dans tous les cabinets ministériels.
Ce retrait partiel permet à Hollande de dire que l’armée française ne s’est pas enlisée en Centrafrique. Il serait plus juste de dire qu’elle réduit ses effectifs en laissant les 12 000 soldats de l’ONU venus d’autres pays africains comme le Congo, le Cameroun ou le Gabon, ou encore du Pakistan ou du Bangladesh, s’enliser à sa place. Pendant ce temps, l’impérialisme français pourra redéployer ses troupes sur d’autres terrains où il intervient militairement, qu’il s’agisse du Moyen-Orient, du Sahel ou peut-être demain de la Libye.
Hollande s’est rendu au quartier PK 5, le seul quartier de Bangui d’où les musulmans n’ont pas été obligés de fuir, pour tresser des lauriers au président Touadéra fraîchement élu, déclarant que cette élection constituait un exemple pour toute l’Afrique. Mais en quoi est-ce un exemple, dans ce pays où règne l’insécurité, alors que les musulmans n’osent pas revenir à Bangui et que 20 % de la population a fui son foyer pour se cacher dans une autre région ou dans les pays voisins ? Si c’est un exemple, c’est celui de la manière dont le gouvernement français impose sa volonté en Afrique, mais pas celui d’une solution pour les Africains.
Avec ou sans Sangaris, la présence militaire française en Centrafrique demeure, et plus encore la domination de l’impérialisme français.