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Areva : des milliards pas perdus pour tout le monde
Anne Lauvergeon, l’ancienne patronne d’Areva, vient d’être mise en examen dans le cadre de l’affaire Uramin. Il lui est reproché d’avoir trafiqué les comptes pour masquer les pertes dues au rachat au prix fort, cinq fois la valeur proposée un an avant, des mines qu’exploitait cette société canadienne en Namibie, en Afrique du Sud et en Centrafrique, et d’où n’est jamais sorti un gramme d’uranium.
Un autre volet de l’enquête vise les conditions dans lesquelles ces mines ont été acquises. Si la version déjà peu reluisante pour les dirigeants d’Areva consiste à dire qu’ils se sont fait rouler par des escrocs, une autre leur est encore moins favorable : l’argent aurait servi à corrompre des dirigeants africains, qui en auraient ensuite renvoyé une partie à des hommes politiques français. Le fait que les géologues de la société n’aient jamais vraiment pu avoir accès aux éléments leur permettant de juger de la valeur des gisements alimente cette hypothèse. Au passage, le mari d’Anne Lauvergeon, Olivier Fric, est mis en examen, soupçonné d’avoir spéculé sur le rachat d’Uramin et gagné ainsi 300 000 euros.
Anne Lauvergeon se défend en disant qu’à toutes les étapes l’Élysée était au courant. C’est peut-être le seul point sur lequel elle dit la vérité. En tout cas, dans cette affaire, une chose est déjà certaine : ce sont les contribuables français qui paieront, puisque l’État vole aujourd’hui au secours d’Areva. Quant à la population africaine, elle ne verra jamais les milliards issus, si ce n’est d’Uramin, en tout cas des richesses de son sous-sol.